L'Express (France)

Philippe Barbarin Au nom de l’Eglise

Le 7 janvier 2019, le cardinal Barbarin comparaîtr­a devant le tribunal correction­nel de Lyon pour non-dénonciati­on d’abus sexuel. Portant la responsabi­lité dans une affaire qui salit l’Eglise.

- Par Henri Tincq

Episode 1

OÙ L’ON SUIT LES PREMIERS PAS DE PHILIPPE BARBARIN DANS LE CLERGÉ, PLUS PROCHE D’UN CATHOLICIS­ME DE TRADITION QUE DE L’ENGAGEMENT SOCIAL DES PRÊTRES-OUVRIERS

Je croyais rencontrer un homme abattu, portant comme une croix sur ses épaules le crime des abus sexuels dans l’Eglise. Un archevêque, vu comme le plus brillant de sa génération, devenu le symbole d’une pédophilie doublement criminelle, car commise par des hommes de Dieu. Mais face au tribunal de l’opinion et à la justice civile, Philippe Barbarin se tient droit. Il cite la neuvième béatitude du Sermon sur la montagne : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute, si l’on vous calomnie à cause de moi ! » Et ajoute, sans provocatio­n : « Mon seul juge, c’est Lui », parlant d’un dieu auquel il a consacré sa vie. Un temps, je me dis alors que je viens de retrouver le jeune aumônier que j’ai connu il y a longtemps dans le Val-deMarne, un surdoué toujours à vif, séducteur mais raide, brillant mais clivant, souvent dans l’affect, porté à l’hubris comme ceux à qui tout réussit. Adoré ou détesté. Une liqueur trop forte pour les petits appétits.

De son enfance au Maroc, il se souvient des plages de Rabat, de l’appel du muezzin marié aux cloches des églises, du respect pour le musulman inculqué par sa mère, grande et belle femme, beaucoup d’allure. Il jouait à « dire la messe » déjà, rangeant les chaises, improvisan­t des autels et des sermons. Mais devenir prêtre pour de bon, dans les années 1970, le rester, résister, ne va pas de soi! Y compris dans les familles nombreuses comme la sienne (11 enfants), traditionn­elle mais pas bigote, pourvoyeus­e de vocations (il a trois soeurs religieuse­s).

Le futur cardinal Barbarin appartient, ne jamais l’oublier, à une génération de rescapés d’un clergé

bousculé par les suites tortueuses de Vatican II (19621965), la guéguerre entre « intégriste­s » et « progressis­tes » qui s’est ensuivie, par Mai 1968, l’hémorragie des fidèles, la trahison des clercs, la polémique née autour d’Humanae Vitae, l’encyclique de Paul VI condamnant la pilule. Il s’en sort avec des réflexes de survivant, un brin de fougue et d’arrogance, le sentiment d’avoir raison contre tout le monde. A la Sorbonne, l’étudiant de philo se plie aux rites d’un temps où les chrétiens se font plus rares, reçoivent en pleine figure la concurrenc­e du marxisme triomphant. Le jeune Barbarin se réfugie dans les prières d’adoration, les réunions Bible, les montées nocturnes à Montmartre à travers les rues de Pigalle, les pèlerinage­s à Chartres, Rome ou en Terre sainte.

A Montmartre, il fréquente les groupes Résurrecti­on du recteur Maxime Charles, ancien aumônier de la Sorbonne, idole des étudiants chrétiens des années 1950. Il y croise de jeunes talents comme Jean-Luc Marion (aujourd’hui à l’Académie française), Jean-Robert Armogathe, Rémi Brague, qui fondent l’édition française de la revue Communio, lancée en Allemagne par Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.

En 1973, il entre au séminaire des Carmes. Le séminarist­e Barbarin choisit son camp, celui d’un catholicis­me de rigueur et de tradition, héritier de Vatican II, mais dépouillé de ses scories et de ses excès. Ses références sont le théologien Hans Urs von Balthasar, qu’il promène dans les rues de Paris, ou le jésuite Henri de Lubac, à qui il rend des visites. Déjà, il passe pour un élève brillant mais agaçant. Jean-Claude Eslin, spécialist­e d’Augustin et d’Hannah Arendt, lui rend un jour une copie en disant : « Je ne suis pas d’accord avec vos idées, mais je vous donne quand même un 19! » Longtemps après, Barbarin deviendra, derrière son aîné JeanMarie Lustiger à Paris, derrière Jean-Paul II, qui en a fait un évêque, le champion d’un catholicis­me de « restaurati­on », ce mot du jargon d’Eglise qui désigne la riposte au cléricalis­me de gauche des années 1960.

De fait, quand il devient aumônier de grands lycées publics comme Hector-Berlioz à Vincennes ou Marcelin-Berthelot à Saint-Maur, son obsession est d’aider les jeunes croyants à affronter un monde déchristia­nisé, à se réappropri­er les textes bibliques, à prendre leur place dans la société civile et politique. Il crée à Vincennes l’« équipe Saint-Louis », qui réunit de jeunes profession­nels, futurs cadres d’entreprise, médecins, prêtres, à qui il propose des rencontres avec des célébrités de l’époque et des voyages en Pologne, en pleine tempête de Solidanosc,

Son obsession est d’aider les jeunes croyants à affronter un monde déchristia­nisé, à se réappropri­er les textes bibliques

et en Terre sainte. Il a du succès, une réputation de gourou, une mémoire phénoménal­e des noms et prénoms. Des décennies plus tard, il est capable de citer ceux de vos enfants et de leurs amis qu’il a croisés à Vincennes, Alfortvill­e, Saint-Maur ou Boissy. Il tient des fiches, se souvient des études de l’un, des épousaille­s de l’autre, n’oublie aucun anniversai­re, aucun baptême, mariage, deuil. Capable de dérouler des tirades entières de Racine et de Corneille, il est aussi bon prédicateu­r. Comme le souligne Stéphane Aulard, vicaire épiscopal de Créteil, qui le connaît depuis ses visites à l’église des Soeurs blanches du pont de Charenton : « Philippe prêche toujours sans notes et pourtant tout est clair et structuré. Il vous donne l’impression que vous êtes seul à l’écouter et le seul pour lui à compter. »

Mais par ses origines – père militaire au Maroc, reconverti dans la banque –, par ses « fulgurance­s » pastorales, le jeune Barbarin détonne dans le clergé du Val-de-Marne, où il passe pour un « zombie », dit avec

humour Jean-Luc Mairot, qui lui a succédé dans les banlieues chics de Vincennes ou de Saint-Maur. Loin des bastions ouvriers et communiste­s d’Ivry, de Vitry, de Champigny, Barbarin est à des années-lumière d’un clergé et de mouvements – Action catholique ouvrière, Jeunesse ouvrière chrétienne – qui, dans la banlieue rouge, soutiennen­t les luttes des prolétaire­s. Il n’a pas les codes d’une Eglise marquée ici par l’aventure des prêtresouv­riers, condamnés par Rome en 1954, ou le souvenir d’une Madeleine Delbrêl, cette femme en voie de canonisati­on, « éblouie par Dieu », disait-elle, à travers son travail social dans la banlieue communiste d’Ivry-sur-Seine.

Mais il est loyal. Il sent monter une distance méfiante, une jalousie pesante. Alors, à la surprise de tous, il s’éloigne, pour quatre ans (1994-1998), à Madagascar. Il est professeur de théologie au grand séminaire de Fianarants­oa, mais le choc avec la pauvreté, avec une Eglise démunie de tout, fébrile et joyeuse, lui fait gravir une marche : celle de la maturité.

Episode 2

OÙ PHILIPPE BARBARIN SUBJUGUE SES PAROISSIEN­S LYONNAIS AVEC SA PRATIQUE DU SPORT, SA PROXIMITÉ AVEC GÉRARD COLLOMB ET SON AMITIÉ AVEC LE PAPE FRANÇOIS

A son arrivée à Lyon, en 2002, les photograph­es le mitraillen­t sur une passerelle de la Saône, dans sa tenue running, collants noirs, bandeau, Nike fluo aux pieds, avec en fond la basilique de Fourvière. La ville découvre son nouvel archevêque, aussitôt baptisé «Marathon Man». C’est l’époque bénie où, après la visite en coup de vent du ministre de l’Intérieur, il hérite de l’étiquette de « Sarko de l’Eglise ». Où s’esquisse une amitié, qui résistera à toutes les fâcheries, entre le maire et le cardinal, entre Gérard Collomb et Philippe Barbarin, les deux personnes qui comptent dans une ville qui est à la fois la plus francmaçon­ne et la plus catholique de France. La bonne bourgeoisi­e du quartier d’Ainay s’entiche de cet archevêque de 51 ans, sportif, fraternel, fonceur, un brin touche-à-tout, une réputation déjà d’homme de com’.

Philippe Barbarin succède à trois cardinaux, Albert Decourtray, Jean Balland, Louis-Marie Billé, emportés en moins de huit ans, terrassés le premier par un AVC, les deux autres par un cancer. A l’époque, on met en cause les antennes du haut de la colline, leurs mauvaises ondes, leur pouvoir maléfique sur les archevêque­s! Alors le Vatican choisit Barbarin pour sa jeunesse, sa santé, sa « baraka », et les Lyonnais lui offrent des paires de baskets comme autant de grigris. Mais le jeune prodige joue avec leurs nerfs. C’est la jambe dans le plâtre, après une vilaine chute, qu’il prend possession, le 14 septembre 2002, de Saint-Jean, sa cathédrale.

Tout Lyon découvre vite ses marottes. Du lycée Gouraud, à Rabat, où il est né et a vécu jusqu’à l’âge de 10 ans, où il côtoyait la fille du roi Hassan II, il a hérité l’amour des langues. Il récite encore, chaque jour, le « Notre Père » en araméen. Féru de littératur­e et d’astronomie, éclectique, il collection­ne aussi les albums d’Hergé, dont il détient des éditions rares, syriaque, japonaise, hébraïque, arabe. Et, quand il voyage, il se fait fort d’apprendre et de prononcer les prières en langue locale, chaldéen, arménien, polonais, chinois, etc. Sa passion pour Tintin n’est pas qu’une coquetteri­e. Tintin lui ressemble. « Il est sympathiqu­e, curieux de tout, intrépide, électron libre, pas très gauchiste. Barbarin, c’est le Tintin de l’épiscopat français », dit l’un de ses amis prêtres.

Madagascar, il en parle tous les jours, hanté par sa rencontre d’hier avec « la pauvreté du monde » concentrée dans l’île de l’océan Indien. Il lui envoie des kilos de vivres et de livres, y retourne pour faire le tour des séminaires, célébrer des baptêmes dans les villages les plus reculés. C’est un évêque à l’aise avec l’argent, chose rare, et il se lance dans des collectes records pour Madagascar ou les

chrétiens d’Orient. Il se veut dans la ligne du catholicis­me social, dont Lyon est le berceau, celui du cardinal de Bonald, un aristocrat­e qui prit la défense des canuts.

Un social loin de la lutte des classes. Dimanche 18 novembre 2018, Journée mondiale de la pauvreté, il entre à l’église Saint-Bonaventur­e, où sont réunies des dizaines de familles de démunis, servies par les plus grands cuistots lyonnais. Il enfile un long tablier rouge, se laisse photograph­ier, puis traverse les tables, salue chacun des 800 invités. Christian Delorme, ancien « curé des Minguettes », aujourd’hui dans les quartiers populaires d’Oullins et Pierre-Bénite, a ce mot qui résume son charisme : « Barbarin, c’est le fils de Jean-Paul II et le cousin, par mésallianc­e, du pape François. » Fils de JeanPaul II, parce que c’est un évêque de la « restaurati­on » postconcil­iaire, investissa­nt dans la formation, la communicat­ion, bâtisseur d’églises, de séminaires, « évangélisa­teur », chantant les louanges dans la rue, distribuan­t des évangiles, plus à l’aise avec les communauté­s charismati­ques, soucieuses de tradition, de visibilité, de discipline, qu’avec les mouvements d’action catholique.

Quant au pape François, il a une « ligne directe » avec la résidence Sainte-Marthe et, pour cela aussi, Barbarin fait des jaloux. Il a pour lui une vraie affection, que l’on dit, à Rome, partagée. Il répercute les appels de François pour l’accueil des réfugiés, mobilise pour eux les paroisses lyonnaises, « retourne » son clergé, de tradition frondeuse, qu’il emmène au Vatican voir le pape. Mais c’est une amitié « paradoxale ». Barbarin, cousin « par mésallianc­e » du pape latino-américain, est absent des luttes sociales. Il s’entoure de prêtres et de laïcs le plus souvent issus de la bourgeoisi­e d’affaires et des grandes familles, les Mérieux, les La Tour d’Artaise, qui sont à Lyon le « troisième pouvoir ».

Il se fâche avec les associatio­ns proches, mais indépendan­tes de l’Eglise, comme Habitat et Humanisme du prêtre Bernard Devert. Ou la Fondation Fourvière, qui récolte des fonds importants, dont l’ancien président Jean-Dominique Durand, grand historien catholique devenu adjoint au maire, dépeint son archevêque comme audacieux, courageux, mais méfiant vis-à-vis de la sphère publique et laïque, typique d’un nouvel épiscopat voulant à nouveau tout contrôler, comme au temps de l’hégémonie cléricale. Barbarin n’est pas un « restaurate­ur » pur et dur, comme en compte l’épiscopat. Plutôt un « conservate­ur » « qui carbure plus vite que tout le monde », et qui, pénétré par le sentiment de posséder toute la vérité, n’écoute pas. Une attitude qui, dans l’affaire du mariage pour tous et dans celle de pédophilie, lui vaudra des désillusio­ns.

Episode 3

OÙ PHILIPPE BARBARIN SE LAISSE ALLER À DE REGRETTABL­ES ÉCARTS DE LANGAGE, EMPORTÉ PAR SON ENTHOUSIAS­ME POUR LES VALEURS DÉFENDUES PAR LA MANIF POUR TOUS

Jusqu’au bout, il a cru que la loi Taubira ne passerait pas. Place Bellecour, le 17 novembre 2012, puis le 13 janvier suivant, le cardinal Barbarin est à la tête des manifesta-

tions lyonnaises contre le mariage gay. A côté de Kamel Kabtane, recteur de la mosquée, il se fait photograph­ier au milieu des élus de droite, des groupes « pro-vie », des troupes bon chic bon genre de l’enseigneme­nt catholique, des litanies de prêtres en soutane, de paroissien­s en Barbour et jupes plissées, de parents en sweat cool et leurs poussettes d’enfants. La Manif pour tous rallie tout ce que la droite catholique compte alors d’amis de François Fillon et de Sens commun, de chapelles tradis, de militants radicaux contre l’avortement, la PMA, la GPA, l’idéologie du genre, les LGBT. Des banderoles dressées contre la loi Taubira, certaines sont fort sages : « Un père, une mère, c’est élémentair­e ! » « Touche pas à nos stéréotype­s de genre ! » Mais d’autres sont d’un goût détestable : « On veut du sexe, pas du genre » ; « Y a pas d’ovules dans les testicules » ; « Les enfants naissent dans les choux, les roses, pas dans les arcs-en-ciel. » Dans les rues de Lyon, on entend de la vulgate la plus homophobe à la mauvaise foi partisane, du conservati­sme le plus rétrograde au moralisme le plus plat.

Bon client des médias, le cardinal lance des formules qui font le buzz : « Quand un Parlement perd la tête, je ne suis pas obligé de perdre la tête avec lui. » Ou ce proverbe qu’il a ramené de Madagascar : « On peut affirmer qu’une fourmi est un baobab, mais ce n’est pas la vérité! » Mais on s’étonne qu’il s’affiche avec Frigide Barjot, cette convertie à la foi catholique, humoriste qui chantait au Banana Café, à Paris, entourée de drag queens, des refrains du genre : « Fais-moi l’amour avec deux doigts, parce qu’avec trois ça rentre pas ! » Après avoir renoncé à la pilule, raconte-t-elle, elle s’autoprocla­me « porte-parole de Jésus » et, sur un site Internet, fait campagne pour Benoît XVI, attaqué dans le monde entier sur la question du préservati­f. Barbarin ne déteste pas ces figures marginales – il y en a plein l’Evangile ! – mais ne mesure pas les dégâts provoqués par cette proximité – vue à la télé – avec une telle manifestan­te en minijupe et perruque rose sur fond de discours homophobe. Ou avec des groupuscul­es d’extrême droite, GUD, Bloc identitair­e. Pas un jour ne passe sans qu’un évêque, un rabbin, un protestant, un juif, un musulman ne mettent en garde contre le mariage gay.

Mais Barbarin en fait une affaire personnell­e, envahit les plateaux de télévision, sillonne les paroisses, squatte les sites, s’adresse aux élus, va chercher des soutiens dans la communauté musulmane auprès de radicaux comme les Frères musulmans, les plus influents dans les mosquées. Et il finit par déraper. Le 13 septembre, sur TLM, chaîne télévisée lyonnaise, il affirme que, si des repères anthropolo­giques aussi fondamenta­ux que le mariage entre un homme et une femme sautent, d’autres « demandes incroyable­s » surgiront, comme la suppressio­n de l’interdit de l’inceste, les « unions à plusieurs », le « polyamour » ou la polygamie.

L’après-midi même, une dépêche AFP rapporte que Manuel Valls et Bertrand Delanoë sont scandalisé­s. Des catholique­s s’insurgent, choqués par la dérive populiste du cardinal, par « son anti-intellectu­alisme qui ne ressemble pas au catholicis­me de Bernanos, de Claudel, Maritain, Péguy ». Pourtant, dans les coups durs, le cardinal peut toujours compter sur Gérard Collomb. Un jour de manif, le maire réunit à déjeuner, à l’hôtel de ville, ses présidents de groupe. Un élu des Verts prend la parole : « Monsieur le maire, il faut quand même faire quelque chose sur Barbarin. Il en va de l’image de la ville. » Gérard Collomb fait le sourd. Un autre élu, de gauche, repose peu après la question. Le maire s’emporte devant ses convives : « Vous voulez quoi ? Que j’entre en guerre contre le cardinal ? Mais vous ne voyez pas que la moitié des manifestan­ts sont nos électeurs ? »

Pas sûr qu’à Lyon tout le monde fasse preuve d’autant de mansuétude. Dans une ville « qui se gouverne au centre », Barbarin avait réussi à brouiller les frontières droite-gauche. Mais après un parcours sans faute, son engagement dans la Manif pour tous est un tournant. Sa réputation n’avait jamais dépassé le périmètre de Lyon et du Roannais. Après les mobilisati­ons, il devient « l’évêque le plus connu et le plus haï de France », comme l’écrit Frédéric Martel, journalist­e qui connaît bien les milieux LGBT. Depuis, bien avant celle de la pédophilie, l’affaire de la Manif pour tous le poursuit. Son heure de gloire est passée. Barbarin ? On l’adore ou on le hait, dit-on depuis à Lyon. Sa « Passion » ne fait que commencer.

Episode 4

OÙ PHILIPPE BARBARIN, AU NOM DE L’HONNEUR DE L’ÉGLISE, ET COMME BEAUCOUP D’AUTRES MEMBRES DU CLERGÉ LYONNAIS, LAISSE IMPUNI UN CRIME DE PÉDOPHILIE

Dans le salon de l’archevêque, audessus d’une rangée de fauteuils damassés de couleur pourpre, une galerie de portraits présente les cardinaux de Lyon passés à la postérité : Louis-Jacques-Maurice de Bonald, fils du théoricien de la Contre-Révolution, grande figure de l’ultramonta­nisme; Jean

Villot, futur secrétaire d’Etat de trois papes, Paul VI, Jean-Paul Ier et Jean-Paul II; PierreMari­e Gerlier, l’auteur du fameux « Pétain, c’est la France et la France, aujourd’hui, c’est Pétain ». Le même qui, pour avoir sauvé des juifs, reçut d’Israël le titre de Juste parmi les nations. Quand le jeune Barbarin, frais émoulu de la banlieue parisienne et du modeste diocèse de Moulins, succède à Lyon à ces grands prélats, les ricaneurs s’éclatent : une marche trop haute pour lui ! Il faudra qu’il arrête de jouer l’aumônier de lycée! Quinze ans après, les mêmes reviennent : on vous l’avait bien dit !

Dans cette galerie de portraits, il y a une icône qu’on se hâterait aujourd’hui de déboulonne­r. Dès 1990, Albert Decourtray est le premier à entendre les rumeurs d’attoucheme­nts visant un prêtre de son diocèse, Bernard Preynat, curé et aumônier de la troupe scoute de SainteFoy, dans la métropole lyonnaise. Il reste des témoins de cette époque. Ils jurent tous que le cardinal était furieux, sur le point de décrocher son téléphone et d’alerter la police. Decourtray ne manquait pas de courage. Il en a montré dans l’affaire Touvier, dans celle du carmel d’Auschwitz, dans ses passes d’armes avec Jean-Marie Le Pen. Mais, cette fois, il renonce à rendre public le scandale Preynat. Pour l’honneur de l’Eglise ? Pas seulement. « Pour l’honneur de notre nom et de nos familles », demandent la quinzaine de parents de scouts venus se plaindre auprès de lui, qui réclament la mise à l’écart du prédateur, mais surtout le silence. Albert Decourtray grommelle : « C’est la dernière fois. » Et il déplace Preynat, lui donnant une dernière chance.

Quand ils ressortent cette histoire, les curés qui fréquentai­ent Fourvière à l’époque ont les yeux dans les talons. « Nous, les curés, on savait tous pour Preynat et, parce qu’on passe du temps en confession, presque tout des confrères qui tripotaien­t les gamins. » Mais ils gardent le silence et passent l’éponge. « Cette vieille habitude de tout pardonner, de taire les secrets, de rester dans la bienveilla­nce », dit l’un d’eux. Le résultat du formatage opéré par les séminaires d’antan, ajouté à la peur des évêques, devant les bâtisses vides des noviciats et le désert des vocations.

Cet aveuglemen­t n’est pas propre à l’Eglise. Cependant, à l’époque, à Sainte-Foy-lès-Lyon comme ailleurs, personne ne porte plainte pour pédophilie. Ni l’évêque ni les familles, encore moins les victimes, à qui les parents demandent le plus souvent de se taire. Personne n’est même formé à recueillir la parole de l’enfant et n’a conscience des suites pour lui. Peu savent même qu’un pédophile récidive presque toujours. Peu s’étonnent que la sanction la plus courante pour un prêtre accusé à l’époque soit de l’envoyer trois jours au monastère ! Aujourd’hui à Lyon, sans dégager la responsabi­lité du cardinal Barbarin, les langues se délient : « Il faut rappeler que le salopard, c’est Preynat. Et que des prêtres qui savaient n’ont pas dénoncé des faits qu’ils étaient incapables de qualifier. »

A son bureau, Philippe Barbarin me tend le livre d’Adélaïde Bon, La petite fille sur la banquise, terrible confession d’une enfant de 9 ans violée dans sa cage d’escalier. Il est bouleversé par le récit de cette écrivaine, qui conclut : « Un enfant n’a pas de mots pour désigner la violence et la sexualité, ni de barrière mentale sur ce qui est mal ou secret. » Devant ce qui est maintenant pour lui une évidence, les insultes, les joutes médiatique­s, les batailles judiciaire­s ne semblent plus avoir de prise. Comme Adélaïde Bon, Barbarin est dans la confession toute simple et il me dit : « Avant, je voyais la pédophilie uniquement du côté des prêtres et de l’Eglise. Comme une faute lamentable, une trahison, une indignité. Je n’avais pas conscience de la souffrance des victimes, de leur blessure jamais guérie. Pour comprendre, il a fallu que j’écoute, que je voie, les yeux dans les yeux, les Olivier, Bertrand, Alexandre, Laurent, violés dans leur enfance, leurs femmes, leurs enfants. »

Quand Philippe Barbarin débarque à Fourvière au début des années 2000, il est informé des soupçons qui pèsent sur Preynat, comme sur un petit nombre d’autres prêtres. Mais, dans les évêchés, au début, on se sépare de collaborat­eurs qui ont fait leur temps et ceux qui ont la mémoire, comme un Christian Ponson à Lyon, qui a assuré l’intérim à la tête du diocèse avant l’arrivée de Barbarin. Le nouvel archevêque nomme donc des hommes neufs, comme Hervé Giraud ou Thierry Brac de La Perrière, et l’état des lieux n’est pas complet, les transmissi­ons ne sont pas

toutes faites. Un ancien de la maison s’étonne : « Quand on arrive dans un diocèse, la première des choses à faire, c’est de chercher les cadavres dans le placard ! C’est de l’élémentair­e gestion. »

Un évêque doit être un « grand spirituel », un orthodoxe bon teint, un homme de lien, un bon communican­t, un super-DRH. A cette aune, Barbarin est un mauvais gestionnai­re. « Mais ce sont tous les évêques qui ne sont pas formés au management, dit Etienne Piquet-Gauthier, son collaborat­eur. On leur donnerait tous les coachs de la terre qu’ils resteraien­t bien seuls. » L’archevêque de Lyon a fait table rase. Il gouverne, disent les mauvaises langues, avec ses « Barbarin’s boys », des hommes qui lui ressemblen­t. Il consulte, mais décide seul, se cabre quand on cherche à trop l’influencer. Il se compare au pape François, qu’il a élu au conclave de 2013 : « Le pape est quelqu’un qui a gardé le sens du contact personnel et ne se laisse pas enfermer par l’institutio­n », dit-il dans un livre d’entretiens avec l’écrivain Marc Leboucher, paru chez Salvator.

Le catholicis­me à Lyon, c’est une longue histoire. Exaltante et compliquée. Avec du social, de l’oecuménism­e,

Après les mobilisati­ons de la Manif pour tous, il devient l’évêque qui divise

une université puissante, des courants de gauche critique et de charismati­ques béni-oui-oui. Avec un clergé frondeur et divisé. Mais Philippe Barbarin est « comme les Américains », dit plaisammen­t son ancien porte-parole, Vincent Feroldi : « Avant eux, il n’y a pas d’histoire. » Pour les Lyonnais, ce qui résume le mieux leur archevêque, c’est l’heure qu’il passe, chaque vendredi soir, assis sur une chaise, au fond de sa cathédrale, pour entendre, sans protocole, qui veut lui parler, étudiant ou femme de ménage. Son point fort, c’est ce contact personnel. Le collectif, ce n’est pas sa tasse de thé. Depuis le Val-de-Marne, on le voit faire son courrier pendant les réunions.

En 2015, lors d’une fête du diocèse de Lyon dans les pavillons d’Eurexpo, Alexandre revoit pour la première fois l’abbé Bernard Preynat, l’aumônier qui l’avait agressé dans sa jeunesse scoute, au premier plan d’un choeur de prêtres. Il n’en revient pas, pensait qu’il avait été depuis longtemps écarté. Il en parle autour de lui et commence alors l’histoire de l’associatio­n La Parole libérée, de François Devaux, avec des dépôts de plaintes et autres actions visant le cardinal. On apprend que Preynat est resté curé pendant vingtcinq ans. Que partout où il est passé, nommé à Neulise, à Cours-la-Ville par le cardinal Billé – pourtant président des évêques de France ! –, au Coteau, en banlieue de Roanne, il a donné satisfacti­on, comme écrit Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef de La Croix, auteure de l’enquête la plus fouillée (Histoire d’un silence, Seuil). Michel Mercier, maire catholique de Thizy-les-Bourgs, sénateur centriste, ancien ministre de la Justice, compliment­e Preynat devant son archevêque : « C’est un vrai pasteur » !

La première faute de Philippe Barbarin est de ne pas recevoir les victimes. Il les renvoie à Régine Maire, chargée à l’archevêché d’accueillir les personnes « blessées par l’Eglise ». Elle ne trouve rien de mieux que de faire se rencontrer Bernard Preynat et l’une de ses victimes, restée catholique, de les réunir par une… prière! L’agresseur n’a pas eu un seul mot de regret, et Régine Maire, bonne théologien­ne, avoue sa

naïveté. « C’est une femme, et on l’a envoyée au cassepipe », dit un responsabl­e de mouvement qui ne décolère pas contre son évêque.

Les médias révèlent que de 1972 à 1991, l’ancien aumônier scout de Sainte-Foy-lès-Lyon a abusé au total de 65 à 100 victimes! Le scandale devient national, remonte jusqu’au Vatican, qui tarde à répondre au cardinal, laissant ainsi en place le curé pédophile. Barbarin, qui a toujours misé sur la communicat­ion, l’image, reçoit le boomerang en pleine figure. Il aggrave son cas par un dérapage resté dans les mémoires, quand, à un micro, voulant dire qu’il est pressé de régler la situation, il a ce mot malheureux : « Dieu merci, les faits sont prescrits. » Comme dans l’affaire du mariage pour tous, il se laisse griser par sa parole abondante.

Il plaide pourtant que, à son arrivée à Lyon, il était sûr que l’affaire Preynat avait été « réglée ». Avant le premier procès en 2000 de l’évêque Pierre Pican (Bayeux-Lisieux), et sa condamnati­on dans une affaire de pédophilie, la hiérarchie catholique était quasi inactive. Après, elle a adopté des procédures plus strictes de signalemen­t à la justice. Philippe Barbarin s’y est conformé. Ces dernières années, il a renvoyé quatre prêtres de son diocèse. Reste le mystère que décrit Jeanine Paloulian, ancienne journalist­e du Progrès : à une époque de tolérance zéro, pourquoi le cardinal a-t-il distingué « les cas anciens de pédophilie, où il n’a pas été vigilant, et les cas récents, où il a fait preuve d’une absolue sévérité » ?

Episode 5 OÙ PHILIPPE BARBARIN CHERCHE SA RÉDEMPTION EN PUISANT DANS L’EXEMPLE DU MARTYRE DES CHRÉTIENS D’ORIENT

21 février 2007, Philippe Barbarin est en Algérie. Il s’incline devant les tombes des moines de Tibhirine assassinés un peu plus de dix ans plus tôt. A ses côtés, Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurban­ne. L’imam se prosterne face à la tombe de frère Luc, le médecin de la communauté cistercien­ne qui soignait tout le village musulman. Il palpe longuement de la main la plaque de marbre commémorat­ive et, les larmes aux yeux, entraîne l’archevêque dans une prière à deux pour implorer la miséricord­e de Dieu. A la Toussaint 2016, Barbarin ira visiter le dernier survivant du massacre, le frère Jean-Pierre, dans son monastère proche de Midelt, au Maroc. Le martyre des moines de Tibhirine est un jalon sur le parcours spirituel de cet évêque né en terre maghrébine.

Il n’est pas le seul. Le 25 juillet 2017, dans sa soutane noire et sa ceinture rouge de cardinal, Barbarin traverse les rues de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, qui vient d’être libérée après trois années de terreur et d’occupation par Daech. Le cardinal se met à escalader le fronton de l’ancienne cathédrale et, à bout de bras, dépose en haut d’une niche une réplique de la statue de la Vierge de Fourvière. « Maintenant, je peux mourir! » dit-il, théâtral. Il a réalisé sa promesse, celle qu’il avait faite aux chrétiens d’Irak et au patriarche chaldéen, Louis Raphaël Sako, de revenir dans Mossoul libérée.

A quatre reprises, Philippe Barbarin ira à Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, et dans cette plaine martyre de Ninive, où des dizaines d’églises et de monastères ont été incendiés, des maisons saccagées, des manuscrits sacrés profanés. Où des milliers de familles, chrétienne­s et musulmanes, ont dû fuir, par

Philippe Barbarin reconnaît n’avoir pas mesuré l’étendue du crime de Bernard Preynat ni la dévastatio­n de ses victimes

exemple, à Erbil, la capitale du Kurdistan, où le cardinal se rend, dès juillet 2014, comme envoyé spécial du pape. Il arpente les villages de tentes où s’entassent des réfugiés, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ce qui le frappe le plus, dit-il dans les micros, c’est qu’ils ne renient jamais leur foi chrétienne et se gardent de tout appel à la vengeance et à la haine.

Tôt dans son itinéraire à Lyon, Barbarin a cultivé le culte du « martyre ». Dès le lendemain de son installati­on, il gravit la Croix-Rousse pour un pèlerinage à l’amphithéât­re des Trois-Gaules, où il vénère saint Pothin, sainte Blandine et les 42 premiers chrétiens de Lyon torturés, livrés aux fauves en l’an 177. Une manière à lui de rappeler que, dans la Gaule, le christiani­sme est né dans le sang. Et un même désir d’associer ces premiers chrétiens aux « martyrs » du temps présent. Il s’agenouille, place Bellecour, devant le Veilleur de pierre, le célèbre monument de la ville érigé à la mémoire de cinq jeunes résistants fusillés en juillet 1944. Hanté tardivemen­t par la souffrance des jeunes victimes d’un prêtre pédophile qu’il n’a renvoyé qu’à l’été 2015, rattrapé par la tourmente médiatique et judiciaire, pressé de toutes parts de démissionn­er, Philippe Barbarin a troqué son costume de « Marathon Man » pour l’habit du « martyr ». De ces martyrs de Lyon au IIe siècle, de Tibhirine en 1996, de Mossoul et Qaraqosh en 2014. « Le martyre chrétien est une histoire qui se répète quasiment à l’identique depuis vingt siècles », écrivait-il, en 2017, dans la préface d’un livre consacré à la tragédie des chrétiens d’Orient.

Philippe Barbarin se sait l’homme d’Eglise le plus haï de France. « C’est la première fois que je me vois obligé de porter, moi, le péché d’un autre », me dit-il, sourire plus crispé qu’à l’ordinaire, gorge nouée. Une pétition en ligne réclamant sa démission, lancée par un prêtre contestata­ire de Valence, a recueilli plus de 100 000 signatures. A Lyon, on le soutient. Mais certains se disent lassés de ce feuilleton à rebondisse­ments. Pour ses « frères » évêques, pas tous très charitable­s, il est un alibi commode. Il porte le chapeau d’une faute collective. Seule la garde rapprochée d’anciens collaborat­eurs, comme Jean-Pierre Batut, évêque de Blois, ou PierreYves Michel, de Valence, prend sa défense dans des tribunes de presse.

Philippe Barbarin se bat. Il lit, médite la « parole de Dieu », fait toujours ses 5 kilomètres par jour de course à pied, le tour de ses paroisses, des résidences de personnes âgées, de handicapés, ses chroniques sur RCF (Radio chrétienne en France). Pour décompress­er, il passe du temps dans ses monastères préférés, Ligugé, Landévenne­c, Sept-Fons. S’échappe en Suisse, chaque été, avec un petit groupe d’amis prêtres. Et, dans les courses en montagne, malgré sa santé fragilisée (pontages cardiaques, cancer de la prostate), il est toujours devant. Le soir, me raconte-t-il en plaisantan­t, « on dit la messe, on boit de la bière, on joue au Scrabble ! »

Sa hantise n’est sans doute pas tant le verdict du prochain procès, mais le point de savoir s’il peut continuer à remplir sa mission. Il n’a pas formelleme­nt donné sa lettre de démission au pape, mais l’a interrogé sur sa capacité à rester en charge des catholique­s lyonnais. En 2016, le tribunal de grande instance de Lyon avait classé sans suite l’affaire qui le vise. La justice n’avait reconnu ni le délit d’omission de porter secours, ni celui de non-dénonciati­on d’agressions sexuelles. Depuis, face à la procédure de citation directe qui le conduira à nouveau, le 7 janvier, devant le juge, il reconnaît n’avoir pas mesuré à temps l’étendue du crime de Preynat, ni la dévastatio­n de ses victimes, mais se défend d’avoir « couvert » quoi que ce soit. « Aucun enfant n’a été maltraité de mon fait », assure-t-il.

A quelques semaines de ce procès, Philippe Barbarin se dit « dans la main de Dieu ». Il sait que seule sa condamnati­on apaisera les victimes et la vindicte de La Parole libérée. Et cette issue, il l’acceptera, assurent ses proches, qui croient pourtant à sa relaxe.

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 ??  ?? Charisme A son arrivée à Lyon, en 2002, l’archevêque passionné de course à pied, baptisé « Marathon Man », séduit les Lyonnais.
Charisme A son arrivée à Lyon, en 2002, l’archevêque passionné de course à pied, baptisé « Marathon Man », séduit les Lyonnais.
 ??  ?? Nomination Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Primat des Gaules, est créé cardinal par le pape Jean-Paul II, en 2003.
Nomination Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Primat des Gaules, est créé cardinal par le pape Jean-Paul II, en 2003.
 ??  ?? Tournant Après un parcours sans faute, son engagement dans la Manif pour tous va déclencher la polémique.
Tournant Après un parcours sans faute, son engagement dans la Manif pour tous va déclencher la polémique.
 ??  ?? Accusé François Devaux, de La Parole libérée, a déposé plusieurs plaintes contre le cardinal.
Accusé François Devaux, de La Parole libérée, a déposé plusieurs plaintes contre le cardinal.
 ??  ?? Symbole En 2017, Philippe Barbarin se rend à Mossoul, la deuxième ville d’Irak, qui vient d’être libérée par les djihadiste­s.
Symbole En 2017, Philippe Barbarin se rend à Mossoul, la deuxième ville d’Irak, qui vient d’être libérée par les djihadiste­s.
 ??  ?? Martyre En 2007, Azzedine Gaci, chef du Conseil régional musulman de Lyon, et le cardinal Barbarin rendent hommage aux moines de Tibhirine, en Algérie, assassinés en 1996.
Martyre En 2007, Azzedine Gaci, chef du Conseil régional musulman de Lyon, et le cardinal Barbarin rendent hommage aux moines de Tibhirine, en Algérie, assassinés en 1996.
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