UTOYA, 22 JUILLET
D’ERIK POPPE. AVEC ANDREA BERNTZEN, ELLI RHIANNON MÜLLER OSBORNE… 1 H 30. 17/20 Dans le genre « j’adopte un point de vue et je ne le lâche pas », Utoya, 22 juillet est le gagnant du mois et même de l’année. Un plan-séquence de 1 h 22 pour suivre en temps réel le calvaire de Kaja (impressionnante Andrea Berntzen, dont c’est le premier rôle au cinéma), une jeune travailliste parmi quelque
500 autres venus sur l’île d’Utoya (Norvège) en camp d’été, pris sous le feu du militant d’extrême droite Anders Breivik. Le massacre, survenu en 2011, a fait 69 morts, 33 blessés, et laissé les survivants dans un état traumatique. Ou pas, justement. D’où la première phrase de Kaja, face caméra : « Vous ne comprendrez jamais. » L’instant d’après, on se rend compte qu’elle parle en réalité avec ses parents au téléphone, mais la réplique n’est pas innocente. Le film, lui, n’est coupable d’aucun voyeurisme et évite tout écueil sensationnaliste. En ne montrant pas le tueur (si ce n’est deux fois, de loin, en silhouette), Erik Poppe retranscrit in situ le cauchemar de ces jeunes pris au piège. Pas de musique, pas d’effets. Bref, pas d’échappatoire. C’est anxiogène, éprouvant, mais au bout du compte édifiant. Car, dans un carton final, où il dénonce la montée des extrémismes et populismes de tout poil, le cinéaste ne cache pas son intention citoyenne : dire où mènent inéluctablement les racines du mal. Osez voir.