UNE ADAPTATION SANS IMAGINATION
En cette fin d’année, les séries adaptées de romans se bousculent au portillon. Après La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, de Joël Dicker, ou Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu, place à la saga napolitaine L’Amie prodigieuse, d’Elena Ferrante. Si, pour l’instant, l’Italie ne brille pas par la qualité de ses feuilletons (à l’exception de Gomorra et de Suburra), l’adaptation de ce best-seller représente un événement : 150 comédiens, 5 000 figurants, participation de la chaîne HBO à la production… Diffusée dès le 27 novembre en Italie, la série réunit chaque fois plus de 7 millions de téléspectateurs.
L’action se déroule dans un quartier pauvre de Naples. A la fin des années 1950, deux fillettes, Elena (la narratrice) et Lila (l’amie en question), se rencontrent sur les bancs de l’école primaire. La première, travailleuse, parvient à entrer au collège. La seconde, surdouée, est contrainte de travailler à la cordonnerie de son père. Le récit est celui de leur amitié, complexe et passionnelle, au fil des décennies ; jusqu’à ce que, cinquante ans plus tard, Lila disparaisse mystérieusement et qu’Elena se mette en tête d’écrire leur histoire. En toile de fond, la ville est décrite avec sa violence et sa toxicité.
Le résultat est mitigé. Le jeu des comédiens – mention spéciale aux premiers rôles, campés par trois duos d’actrices, dont Elisa Del Genio et Ludovica Nasti (photo) – est remarquable. L’ambivalence des sentiments enfantins, admirablement incarnée. La reconstitution du quartier, superbe. Mais la voix off, omniprésente, fige l’intrigue, la plombe de pathos et ne laisse aucune place à l’imagination. Les règles du récit littéraire ne sont pas les mêmes que celles des séries. Les images sont déjà chargées de sens. Les qualités du livre deviennent les faiblesses du feuilleton. Quel dommage !
L’AMIE PRODIGIEUSE
À PARTIR DU JEUDI 13 DÉCEMBRE, À 21 HEURES, SUR CANAL +. 11/20