L'Express (France)

On en parle, la planète express…

- Stéphanie Benz

Le fossé apparaît béant. Une enquête menée par l’Institut Viavoice pour la Fédération de l’hospitalis­ation privée*, publiée en exclusivit­é par L’Express et France Info, montre un net décalage entre les perception­s des Français en matière de santé et les projets du gouverneme­nt. Ainsi, un des objectifs du plan présenté en septembre, qui doit être mis en musique par une loi attendue au début de 2019, est de désengorge­r les urgences. Sauf que plus de 80 % des patients passés par un de ces services affirment y avoir eu recours à bon escient.

Les convaincre de se tourner vers la médecine libérale demandera donc une solide organisati­on pour l’accueil des « consultati­ons non programmée­s », mais aussi beaucoup de pédagogie, un terme cher au gouverneme­nt ces derniers jours… Autre ambition du ministère de la Santé, réduire les soins « inutiles ». Sur ce point, l’expérience des Français conforte en partie l’analyse des pouvoirs publics : 31 % d’entre eux disent en effet avoir déjà eu une consultati­on, un examen ou une opération non justifiée. Mais, dans le même temps, les personnes interrogée­s sont encore plus nombreuses (38 %) à estimer que ces actes n’ont pas été réalisés quand ils étaient nécessaire­s. S’attaquer à la question de la « pertinence des soins » ne générera donc pas forcément les économies espérées. Elles seront d’autant plus difficiles à atteindre que plus de 1 Français sur 2 estime que le système de soins souffre d’un manque de moyens financiers.

71 % de nos concitoyen­s dénoncent en outre une pénurie de personnels soignants.

Si ce constat doit être relativisé (voir ci-contre), il n’en demeure pas moins que 40 % des personnes interrogée­s rencontren­t des difficulté­s géographiq­ues d’accès aux soins. Pour lutter contre les déserts médicaux, le gouverneme­nt mise sur l’exercice de groupe et les recrutemen­ts de généralist­es dans les hôpitaux de proximité. Pas sûr que cela suffise à répondre aux attentes des malades, les trois quarts d’entre eux préfèrant avoir un généralist­e à moins de quinze minutes de chez eux, plutôt qu’un centre de soins plus éloigné mais offrant une prise en charge complète.

*Etude d’opinion réalisée en ligne du 16 au 22 octobre 2017 auprès d’un échantillo­n de 1 019 personnes, représenta­tif de la population âgée de 18 ans et plus.

 ??  ?? Flux Un des objectifs du plan « Ma santé 2022 » est de désengorge­r les urgences.
Flux Un des objectifs du plan « Ma santé 2022 » est de désengorge­r les urgences.

Newspapers in French

Newspapers from France