On en parle, la planète express…
Le fossé apparaît béant. Une enquête menée par l’Institut Viavoice pour la Fédération de l’hospitalisation privée*, publiée en exclusivité par L’Express et France Info, montre un net décalage entre les perceptions des Français en matière de santé et les projets du gouvernement. Ainsi, un des objectifs du plan présenté en septembre, qui doit être mis en musique par une loi attendue au début de 2019, est de désengorger les urgences. Sauf que plus de 80 % des patients passés par un de ces services affirment y avoir eu recours à bon escient.
Les convaincre de se tourner vers la médecine libérale demandera donc une solide organisation pour l’accueil des « consultations non programmées », mais aussi beaucoup de pédagogie, un terme cher au gouvernement ces derniers jours… Autre ambition du ministère de la Santé, réduire les soins « inutiles ». Sur ce point, l’expérience des Français conforte en partie l’analyse des pouvoirs publics : 31 % d’entre eux disent en effet avoir déjà eu une consultation, un examen ou une opération non justifiée. Mais, dans le même temps, les personnes interrogées sont encore plus nombreuses (38 %) à estimer que ces actes n’ont pas été réalisés quand ils étaient nécessaires. S’attaquer à la question de la « pertinence des soins » ne générera donc pas forcément les économies espérées. Elles seront d’autant plus difficiles à atteindre que plus de 1 Français sur 2 estime que le système de soins souffre d’un manque de moyens financiers.
71 % de nos concitoyens dénoncent en outre une pénurie de personnels soignants.
Si ce constat doit être relativisé (voir ci-contre), il n’en demeure pas moins que 40 % des personnes interrogées rencontrent des difficultés géographiques d’accès aux soins. Pour lutter contre les déserts médicaux, le gouvernement mise sur l’exercice de groupe et les recrutements de généralistes dans les hôpitaux de proximité. Pas sûr que cela suffise à répondre aux attentes des malades, les trois quarts d’entre eux préfèrant avoir un généraliste à moins de quinze minutes de chez eux, plutôt qu’un centre de soins plus éloigné mais offrant une prise en charge complète.
*Etude d’opinion réalisée en ligne du 16 au 22 octobre 2017 auprès d’un échantillon de 1 019 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus.