Le parfum : volutes inspirées
Les fêtes attisent l’envie d’atmosphères raffinées. Les parfums pour la maison s’imposent comme de jolis cadeaux à glisser sous le sapin.
Qu’est-ce qui est capable de nous lover dans un fauteuil confortable face à un feu qui crépite ou de nous offrir des vacances sur une terrasse entre pins et Méditerranée? Pour peu qu’ils soient bien conçus et de qualité, les parfums d’intérieur ont ce pouvoir de nous faire changer d’air… Au figuré, bien sûr, car ils ne nous dispensent pas d’aérer quotidiennement nos espaces de vie. En créant une atmosphère, ils nous plongent dans une intimité et un état émotionnel positif. C’est dans cette intention que les parfumeurs et les maisons les plus réputées les conçoivent.
Ces effets sur nos états d’être ne datent pas d’hier. Durant l’Antiquité, brûler des bois et des résines était une façon d’honorer les dieux ; au Moyen Age, plus pragmatique, de purifier l’air chargé de miasmes. Au milieu du XXe siècle, c’est la mode des pots-pourris qui a relancé l’envie d’intérieurs parfumés. A la création de Diptyque, il y a cinquante ans, raconte Myriam Badault, directrice de création de la marque, « les fondateurs mettaient à macérer dans de grandes jarres, avec de l’huile, des roses et des fleurs de lavande, des zestes de fruits, de la cannelle, de l’anis étoilé, des clous de girofles, pour obtenir un concentré odorant à disposer en toute petite quantité dans une coupe afin de parfu-
mer l’ambiance d’un salon ou d’une entrée ». Au passage, on signale également la réputation du pot-pourri de la marque florentine Santa Maria Novella, dont la recette, confectionnée par des moines dominicains, daterait du XVIIIe siècle.
DES OBJETS DE DÉSIR
Aujourd’hui, et particulièrement au moment de Noël, les maisons les plus en vue rivalisent de créativité pour présenter leurs nouvelles idées odorantes. Bâtonnets d’encens en provenance du Japon aux connotations spirituelles chez Astier de Villatte; bougies ambiance Grand Siècle dans leur verre épais chez Buly ou Cire Trudon ; « reeds » ou bâtonnets de bois ou de faïence poreuse pour une diffusion par capillarité chez les Anglais Jo Malone ou Anya Hindmarch ; pot de céramique à anse de cuir dessiné par Marc Newson pour la très chic bougie Louis Vuitton… Des objets de luxe dont la conception ne s’improvise pas.
« Pour réaliser nos bougies, nous faisons appel à des nez qui composent des concentrés avec des palettes d’ingrédients semblables à celles d’une eau de toilette », explique encore Myriam Badault. Cependant, le travail est un peu différent car la perception recherchée est plus directe, plus proche de la nature. « On est dans quelque chose de plus volubile et immédiat, donc moins dans une diffusion progressive classique du concentré – notes de tête, de coeur, de fond », poursuit le parfumeur Vincent Schaller, depuis le centre d’expertise Air Care Firmenich de Londres. Un exercice rendu complexe, car les composants réagissent différemment selon le support – cire, alcool, huile, eau, bois –, mais aussi la matière du contenant et sa forme. Chaque formule nécessite une recette sur mesure.
SAGESSE D’USAGE
Des études récentes suspectent les encens et les bougies de dégager en chauffant de petites quantités de substances polluantes, au même titre qu’un feu de cheminée, par exemple. Jean-Claude Bulens, fondateur d’Ipsypile – une société de fabrication de bougies parfumées de grande qualité – conseille : « Après brûlage de maximum quatre heures sous surveillance, bien repositionner la mèche au centre du flacon, et la recouper à 5 millimètres, pour éviter la surchauffe et l’émission de fumée lors de la prochaine utilisation. » Et il convient, ensuite, d’aérer la pièce au moins quinze minutes. On peut également se tourner vers des produits sans combustion comme les sprays ou les bâtonnets. Un choix que Benoît Astier de Villatte, cofondateur de la marque, avoue ne pas vouloir faire, tant il apprécie la contemplation d’une flamme et la joie de sentir le parfum se répandre dans la pièce. « Le monde aseptisé n’existe pas, s’enthousiasme-t-il, il ne serait pas vivable. Allumer une bougie, c’est comme déboucher un bon vin, un plaisir réconfortant. » Il paraît que les dieux sont d’accord.