Les tables : cinq brasseries parisiennes passées au gril
Les grandes institutions parisiennes changent de main. On en passe cinq sur le gril.
BOUILLON JULIEN
Longtemps considéré comme l’un des derniers bouillons de Paris, ce chef-d’oeuvre Art nouveau, fondé en 1906, vient de se refaire une beauté.
Le nouveau proprio : après avoir remis à flot la Brasserie flo (voir ci-contre), Jean-Noël Dron, un Alsacien pure souche à la tête de grandes maisons strasbourgeoises (Kammerzell, Café Brant, Café Broglie…) a repris le Bouillon.
Ce qui change : l’assiette – qui décline tous les standards du genre – est montée d’un cran et les prix, plus populaires, sont redescendus.
Ce qui reste : le bar en acajou de Cuba signé Louis Majorelle, les appliques en bronze, la spectaculaire verrière signée Charles Buffet… Ce cadre Art nouveau a été rafraîchi par le décorateur franco-anglais John Weland.
Les morceaux de choix : honnêtes poireaux vinaigrette (3,50 €), tête de veau dans toutes les nuances du tendre, escortée d’une bonne sauce gribiche (11,10 €), et une aimable crème de marrons (4,10 €).
Est-ce bon ? La maison promet qu’ici « tout est beau, bon et pas cher », disons plutôt très beau, assez bon et pas cher.
Bouillon Julien, 16, rue du Faubourg-Saint-Denis, Paris (Xe), 01-47-70-12-06. Carte : 20 €. Ouvert tous les jours. www.bouillon-julien.com Salade de carottes à la marocaine.
WEPLER
De toulouse-Lautrec à apollinaire, voilà deux cents ans que cette adresse huîtrière racole sur la place de clichy.
Le nouveau proprio : le groupe Gérard Joulie a repris en octobre 2017 cette institution à Michel Bessières.
Ce qui change : le fait maison est la nouvelle priorité et les prix ont baissé.
Ce qui reste : la fresque murale de tamara de Lempicka, les mosaïques d’inspiration art déco et une carte des vins un peu poussiéreuse.
Les morceaux de choix : ne passez pas à côté de la choucroute de la mer (25 €). Le chou est confit, les poissons laqués au beurre blanc et les cuissons maîtrisées. Et pour les becs sucrés, le millefeuille « façon Wepler » (11 €).
Est-ce bon? Dans sa nouvelle configuration, le Wepler a tout pour plaire !
Wepler, 14, place de Clichy, Paris (XVIIIe), 01-45-22-53-24. Carte : 60 €. Ouvert 7/7 en service continu de 7 h 30 à 00 h 30. www.wepler.com
LA LORRAINE
a l’aube de ses 100 ans, cette brasserie amarrée place des ternes garde le cap mais change de look.
Le nouveau proprio : à la barre depuis 2016, le Groupe Bertrand lustre ce paquebot dans une nouvelle ambiance art déco.
Ce qui change : fresques et mosaïques célébrant l’homme
et la mer, tapisseries marines tous azimuts... la tres demandee Laura Gonzalez s'immerge sans retenue dans la métaphore océanique.
Ce qui reste : la clientèle venue d'un autre temps, les serveurs attentionnés et l’écailler aux petits soins de son vivier, à l’entrée.
Les morceaux de choix : le bar rôti en croûte de sel et ses 124 € n’ont pas pris une ride, et la massive choucroute de poissons (31 €) est réconfortante. En passant par La Lorraine, halte sur le Paris-Brest (11 €), pour sa crème au beurre praliné et son craquelin.
Est-ce bon? Des plats francs mais aux tarifs un peu salés.
La Lorraine, 2, place des Ternes, Paris (VIIIe), 01-56-21-22-00. Menus : 28,50 € et 36,50 € (déjeuner), 28,50 € et 46,50 € (soirs et dimanche midi).
Carte : 70 €. Ouvert tous les jours. www.brasserielalorraine.com
FLODERER
Bien cachée dans la cour des Petites Ecuries, c’est la plus alsacienne des brasseries parisiennes. Le nouveau proprio : le business-restaurateur Jean-Noël Dron (voir ci-contre).
Ce qui change : baptisé « Brasserie flo » en 1918, le lieu est revenu à son nom originel : floderer.
Ce qui reste : le banc d’écailler, le décor classé aux Monuments de france, les serveurs en gilet sans manches, cravate et chemise blanche.
Les morceaux de choix : dodus escargots de Bourgogne marinés au chablis (10 €), jarret de porc braisé (19,80 €) qui s’accorde avec les notes acidulées du chou braisé à la bière. sans oublier les choucroutes : strasbourgeoise, au saumon, aux trois poissons, de 22 € à 34 €.
Est-ce bon? oui, et généreux. Floderer, 7, cour des Petites Ecuries, Paris (Xe), 01-47-70-13-59. Menus : de 19,90 € à 49 €. Ouvert tous les jours. www.floderer-paris.com
LA COUPOLE
fatiguée par tant de mondanités, cette vieille dame des années folles s’offre une dernière danse.
Le nouveau proprio : le Groupe Bertrand.
Ce qui change : le bar américain et le banc d’écailler ont recouvré leur splendeur. La terrasse s’agrandit et se dote d’un nouveau mobilier. Le dancing au sous-sol a fait peau neuve.
Ce qui reste : les 33 piliers symétriques, peints par 27 peintres, le sol en carrelage-mosaïque, les plafonniers de verre, les galeries porte-chapeaux, les boiseries évoquant l’âge d’or de l’art déco.
Les morceaux de choix : le curry d’agneau à l’indienne (27 €) est à la carte depuis l’ouverture du lieu, en 1927. Il est confit, doucement, épicé, accompagné de chutney et de riz basmati… agréable, mais pas renversant ! La sole meunière (39 €), légèrement surcuite, colle aux dents. Les crêpes suzette (12,50 €) sont très honnêtes, les plateaux de fruits de mer, impeccables.
Est-ce bon ? assez pour voir revenir les éditeurs et les Montparnos qui désertaient les lieux depuis quelques années…
La Coupole, 102 boulevard du Montparnasse, Paris (XIVe), 01-43-20-14-20. Menus : 19,50 € (déjeuner) et 55 €. Carte : 60 €. Ouvert tous les jours en continu. www.lacoupole-paris.com