Une utopie hippie
Le festival de Woodstock n’aurait jamais dû exister. Parce que monter dans un champ de luzerne un concert géant de folk et de rock pour des hordes de hippies était une idée complètement dingue en 1969, parce que ses organisateurs ont été totalement dépassés, parce que la municipalité qui devait accueillir le grand raout posa son veto au dernier moment, parce que le barde Bob Dylan avait refusé de participer au banquet, parce que l’événement ne se déroule même pas à Woodstock, mais à 100 kilomètres de là, à Bethel… Et pourtant le miracle a bien eu lieu les 15, 16 et 17 août 1969 : un demimillion de chevelus rassemblés en pleine campagne, au coeur de l’Etat de New York, pour écouter Joan Baez, Jefferson Airplane, Janis Joplin, Sly & the Family Stone, Santana et bien d’autres… « Trois jours d’amour, de musique et de paix » qui deviendront un mythe.
Woodstock incarne plus qu’un festival de rock, une utopie devenue réalité, portée par l’enthousiasme d’une jeunesse en lévitation psychédélique. L’érudit Michka Assayas – Le Dictionnaire du rock (Robert Laffont), Very Good Trip, sur France Inter – célèbre, sans angélisme et avec un peu d’avance, le 50e anniversaire de cette communion inédite autour de la musique. Il met les pieds dans la boue, corrige les inexactitudes que la légende colporte depuis que Richie Havens a déboulé seul sur scène le 15 août 1969, à 17 heures. Il rappelle les ratages et les malentendus, les exigences financières du manager des Who, l’arrivée sur scène d’un Anglais inconnu nommé Joe Cocker, la pluie diluvienne, la conclusion rugissante de Jimi Hendrix. L’ouvrage est accompagné de deux Blu-ray : le documentaire de plus de trois heures de 1970 signé Michael Wadleigh et des bonus (coulisses du film, performances inédites...). Tout ce qu’il faut pour en prendre plein les oreilles et les mirettes.
WOODSTOCK. THREE DAYS OF PEACE & MUSIC
PAR MICHkA ASSAYAS. GM ÉDITIoNS, 192 P., 2 BLu-RAY, 49,90 €.