L'Express (France)

... GILLES LEGARDINIE­R

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Son nouveau roman, J’ai encore menti !, fait un tabac en librairie, à l’instar de ses précédente­s feel good comédies. Passé par la littératur­e jeunesse et le polar, ce stakhanovi­ste de 53 ans écrit aussi des scénarios de BD, tout en gérant son agence de communicat­ion pour le cinéma. Avec lui, tous les styles se côtoient !

l’express Quel style de romancier êtes-vous ?

Je crois être un romancier qui a quelque chose à partager, qui cherche à susciter des émotions, à se rapprocher des gens autant qu’à les aider à se rapprocher d’eux-mêmes. Tout en les distrayant, évidemment !

J’ai encore menti ! reste dans ce style humoristiq­ue qui a fait votre succès…

Ça dépend, je me méfie des étiquettes. Le style de mes romans varie en fonc- tion du personnage principal, qu’il s’agisse de thrillers ou de comédies. Ces dernières peuvent aussi parler de choses dramatique­s. Je ne vois pas la nécessité d’enfermer mes livres dans des cases. A la fin, c’est toujours le même bonhomme qui les écrit! Pour moi, le style doit servir le fond, un peu comme la musique d’un film. Les grandes phrases pour faire joli, ça ne mène nulle part.

Comment vos projets naissent-ils ?

Toujours grâce à un sentiment que j’ai envie de partager. Pour ce roman, il s’agit d’un étonnement, d’un effarement face aux injonction­s de l’époque et l’impression de ne pas s’y retrouver. On nous oblige à faire des choses qui vont à l’encontre de nos véritables désirs, de notre moi profond. Mon héroïne, Laura, perd la mémoire à la suite d’un accident sans gravité et va devoir se « réinitiali­ser », réapprendr­e les choses de la vie. Elle porte un regard frais sur le monde, débarrassé de tout a priori.

Qu’est-ce qui vous rend hostile ?

Ce qui sépare les gens, les dresse les uns contre les autres. Tout ce qui nie leur singularit­é et leur richesse. Je ne supporte pas la mauvaise foi de ces individus qui d’un seul coup s’indignent alors qu’ils savaient, qui font un bruit assourdiss­ant après avoir observé un silence total.

Vous avez également un pied dans le cinéma : quel style de films a votre préférence ?

Tous les styles, je n’ai pas de genre de prédilecti­on. Je peux aussi bien regarder une superprodu­ction qu’un film intimiste. Impossible de choisir. Je n’aime pas beaucoup cette mode des classement­s, des podiums. Dernièreme­nt, j’ai trouvé génial Three Billboards. Les panneaux de la vengeance. Mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres…

Organisé ou free style ?

Très organisé, car mes journées sont bien remplies. Et puis je me déplace souvent dans les prisons, les hôpitaux, les établissem­ents scolaires, pour aller au contact de gens éloignés de la lecture. Ce n’est pas avec des lois ou des subvention­s qu’on les poussera à lire, c’est avec des textes. Je trouve formidable de parler avec ces personnes qui sont dans des situations difficiles, ou bien pas encore familiaris­ées avec la lecture, comme les jeunes. Avec eux, j’ai des discussion­s cash, de vrais dialogues. Il m’importe de leur montrer que l’écrivain n’est pas un vieux monsieur avec une perruque sur la tête et une plume d’oie à la main.

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