La librairie de L’Express
On pense tous la connaître, on a peut-être même fait partie des 6 millions de personnes qui se pressent chaque année au Louvre pour la dévisager. Mais que sait-on exactement de Monna Lisa, icône universelle depuis des siècles? Alors ne boudons pas notre plaisir : Alberto Angela, paléontologue de formation et grand divulgatore, comme on dit en italien, fait parler des détails de La Joconde comme s’il s’agissait de petits morceaux d’os de dinosaures exhumés. Auteur de quelques séries télévisées de vulgarisation scientifique à succès et d’ouvrages tels que Les Trois Jours de Pompéi, cet Italien polyglotte de 56 ans nous livre avec verve et gaieté quelques-unes des clefs du chef-d’oeuvre de Léonard, ce fils illégitime d’un notaire et d’une paysanne né à Vinci, le 15 avril 1452, et mort à Amboise, le 2 mai 1519. Tout en nous entraînant de Florence à Milan, de Rome à la patrie de François Ier, au coeur de la Renaissance.
De regard, il en est beaucoup question, bien sûr, dans cette enquête abondamment illustrée. Puisant dans la monumentale encyclopédie de Vasari, publiée en 1550, sur les plus grands artistes, Alberto Angela rappelle que le maître aurait peint le portrait de la Florentine Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo, en réunissant une petite troupe de musiciens et de bouffons, afin qu’elle reste d’humeur joyeuse, évitant ainsi « la mélancolie presque inévitable des portraits ». D’où le sourire indéchiffrable, ce « rictus si agréable qu’il en était plus divin qu’humain », qu’accompagnent un regard plein de douceur et une légère rotation de la tête, le tout procurant une impression de dynamique, tel un arrêt sur image… Pédagogue en diable, l’auteur énonce avec clarté la pratique du fameux sfumato du Toscan, superposition de très légères couches de peinture à l’aide de fins pinceaux, mais aussi l’effet de perspective aérienne utilisé pour l’arrière-plan, paysage lointain et mystérieux. Ce faisant, il décrit la politique culturelle des Médicis, étudie d’autres oeuvres du maître (La Dame à l’hermine, La Belle Ferronnière, La Cène, à Santa Maria delle Grazie…),
interroge une esquisse à la sanguine, probable autoportrait à l’âge de 35 ans de cet homme de grande beauté dont on s’apprête à célébrer le 500e anniversaire de la mort… Quel plus beau présent, comme mise en bouche, que ce volume ?