L’auto : Audi e-Tron, l’électrique bourgeois
Branle-bas de combat dans le petit monde de l’automobile de luxe : la guerre de l’électrique a commencé. Le premier à lancer l’offensive contre le pionnier Tesla est Audi, avec un tout nouveau SUV conçu pour être « zéro émission ». Bien sûr, il ne s’agit pas encore de renverser la table et d’apporter une solution au carburant cher. A plus de 82 000 euros l’unité, l’e-tron sollicite aussi vigoureusement le portefeuille que les bornes de recharge. S’il a peu de chances de faire exploser le compteur des ventes françaises, il ouvre cependant la voie à une vague de nouveautés zéro émission qui ne s’arrêtera plus. En 2019, on en attend au moins une dizaine, la plupart venues d’Allemagne.
L’Audi endosse son rôle de premier de cordée avec un flegme certain. Ses lignes acérées, très allemandes et très rassurantes, ne laissent pas deviner sa nature révolutionnaire. Dans l’habitacle, on retrouve les plaisirs associés à un bel objet automobile : des ajustements impeccables, des matériaux bien choisis et une ergonomie facile à appréhender. Habituels et presque banals sur un SUV conventionnel, ces petits luxes sont encore inédits dans le monde de la voiture électrique, friand de design « disruptif » et de finition approximative. Pour rappeler que le constructeur a un pied dans le futur, il s’autorise tout de même une extravagance en remplaçant ses rétroviseurs par des caméras et deux petits écrans situés sur les contreportes. Un dispositif peu convaincant à l’usage, mais il fallait au moins ça pour répliquer aux « portes papillon » du Tesla Model X.
Malgré sa masse considérable, l’e-tron dispense des accélérations évidemment électrisantes et fait preuve d’un comportement routier très équilibré. On ne fait pas des voitures depuis un siècle sans avoir acquis un certain savoir-faire. Pas de miracle au moment de la recharge, cependant. Avec 400 kilomètres d’autonomie, le SUV n’est pas encore un voyageur au long cours, d’autant qu’Audi ne dispose que de quatre chargeurs haute performance sur le territoire. Il faudra attendre 2020 pour qu’un réseau ad hoc, partagé avec Ford, BMW et Daimler, soit déployé. D’ici là, les échappées en Audi électrique auront encore un parfum d’aventure… bourgeoise.