LA RUPTURE GRÉGOIRE VII
(VERS 1020 - PAPE DE 1073 À 1085)
Le nom de Grégoire VII est attaché à ce que l’historien français Augustin Fliche a appelé la réforme grégorienne. En effet, dans sa querelle avec l’empereur germanique Henri IV, la fameuse humiliation de Canossa au cours de laquelle ce dernier s’agenouille devant le chef de l’Eglise pour obtenir la levée de son excommunication, la papauté donne une impulsion décisive au mouvement qui vise à différencier l’Eglise comme institution à part entière du pouvoir séculier.
Grégoire est profondément convaincu que le pouvoir qu’il défend, à savoir le pouvoir juridictionnel de l’Eglise, l’aidera dans sa fonction pastorale et donc morale : « C’est de l’époque de Grégoire qu’on peut dater la cléricalisation systématique de l’Eglise fondée sur l’idée que le clergé, moralement plus pur, était supérieur aux laïcs et constituait une Eglise qui était catholique, chaste et libre », estime le médiéviste John Canning. Du XIe siècle au XVe siècle, la papauté n’est pas seulement le centre de l’unité de l’Eglise, mais aussi « la norme de la vraie foi et le critère de la tradition apostolique authentique » (Klaus Schatz). De la tête procèdent toutes les décisions importantes coordonnant toutes les fonctions vitales de l’ensemble.
Dans une Europe en pleine mutation spirituelle mais aussi économique et commerciale, la papauté s’affirme et participe au processus qui voit l’épanouissement d’une Europe féodale. A ce titre, Grégoire peut être aussi considéré comme un des pères de l’Europe, selon l’historien Jacques Le Goff. Devant le morcellement et la fragmentation de cette féodalité, la papauté offre une centralisation monarchique, c’est-à-dire une alternative dans une Europe chrétienne en voie d’unification.