On en parle, la planète express, la découverte, Plantu...
Les violences qui ont émaillé la dernière séquence parisienne des gilets jaunes, samedi 5 janvier, pourraient bien être fatales au puissant préfet de police de Paris, Michel Delpuech. Selon un conseiller ministériel bien placé, son sort serait scellé. Il lui est reproché de n’avoir pas mis en place un dispositif à la hauteur, alors que, pour la première fois depuis le début du mouvement, la manifestation parisienne avait été dûment déclarée auprès de la préfecture. Celle-ci, contactée par L’Express, n’a pas souhaité s’exprimer. Gendarmes mobiles tabassés sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, péniche-restaurant en feu, irruption d’une poignée d’enragés dans la cour du secrétariat d’Etat de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement : les images ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias nationaux. Terrible symbole pour le gouvernement. C’est la première fois qu’un bâtiment ministériel est la cible de manifestants depuis 1999. Cette année-là, des agriculteurs avaient saccagé le bureau de Dominique Voynet au ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement.
Cet épisode pourrait donc coûter sa place à Michel Delpuech, 65 ans, nommé à la tête de la Préfecture de police (voir ci-contre) trois semaines avant l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Enarque de la promotion Voltaire, comme François Hollande, cet Auvergnat était préfet d’Ile-de-France depuis deux mois quand il a remplacé au pied levé Michel Cadot, victime d’une chute à vélo. Depuis son entrée en fonctions, l’ancien directeur de cabinet de Michèle AlliotMarie au ministère de l’Intérieur a affronté plusieurs tempêtes, des débordements du 1er mai 2018 à l’affaire Benalla, qui l’avaient déjà placé sur la sellette. David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, prend sa défense : « Si le but est de faire sauter le préfet pour lui imputer l’échec du maintien de l’ordre, cela ne se tient pas. Un autre aurait eu le même type de bilan. Le maintien de l’ordre n’est pas une science exacte, c’est même la matière la plus difficile, surtout face à un mouvement aussi désorganisé. » Pas sûr que le pouvoir soit sensible à ces arguments.