L'Express (France)

LES QUESTIONS QUE VOUS VOUS POSEZ ENCORE

A partir de ce mois de janvier, le paiement de l’impôt est chamboulé. Ce qu’il faut savoir.

- Par Marianne Rey

Après trois ans de discussion­s, voire d’inquiétude­s, la réforme de l’impôt à la source entre dans sa phase opérationn­elle. Sans surprise, les questions affluent : que se passe-t-il si je perds mon travail ou si je prends ma retraite ? Quand vais-je percevoir le crédit d’impôt pour l’emploi de ma nounou ? Les réponses à quelques problémati­ques courantes.

Quand bénéficier­ai-je de mes crédits ou réductions d’impôt ?

Les crédits ou réductions d’impôt non récurrents comme ceux liés à des dépenses de rénovation énergétiqu­e vous seront versés en une fois en septembre 2019. En revanche, concernant vos dépenses récurrente­s comme l’emploi d’un salarié à domicile, la garde d’enfants, l’hébergemen­t en Ehpad d’un proche, ou les investisse­ments locatifs Duflot, Pinel et Scellier, vous pourrez bénéficier d’un acompte de crédit ou de réduction d’impôt dans quelques jours.

Admettons que vous employiez une aide ménagère. L’administra­tion va se fonder sur vos dépenses de 2017 (déclarées en 2018) pour vous verser un acompte de 60 % dès le 15 janvier 2019. Les 40 % restants vous seront alloués à la fin de l’été 2019, sur la base de votre déclaratio­n du printemps 2019. Si, d’après cette dernière, votre crédit d’impôt pour 2018 était inférieur à celui auquel vous aviez droit pour 2017, vous devrez rembourser tout ou partie de l’avance de début 2019 à l’été 2019. Par exemple, si vous avez licencié votre aide ménagère en 2018.

Si vous avez embauché votre aide ménagère seulement en 2018, l’administra­tion ne pourra vous verser d’acompte puisqu’elle se fonde sur votre déclaratio­n 2017. Vous déclarerez votre dépense au printemps 2019 et obtiendrez l’intégralit­é de votre crédit d’impôt en août. En revanche, vous obtiendrez un acompte en janvier 2020, sur la base de votre déclaratio­n de mai 2018.

Les particulie­rs employeurs

n’auront à appliquer le prélèvemen­t à la source à leur salarié qu’à compter de 2020. Rien de compliqué : il sera possible de confier l’intégralit­é du processus à Pajemploi et au Cesu.

Je change d’employeur. Dois-je le signaler à l’administra­tion fiscale ? Vous n’avez pas de démarche particuliè­re à effectuer : tout se joue entre le fisc et votre nouvel employeur. Soit ce dernier réclame votre taux de prélèvemen­t à l’administra­tion avant le versement de votre premier salaire. Soit il attend qu’il lui soit communiqué, dans un délai pouvant aller jusqu’à deux mois après votre embauche. Durant ce laps de temps, il vous applique alors un taux non personnali­sé, en lien avec votre rémunérati­on.

Vous cumulez plusieurs employeurs ?

Chacun d’eux applique le taux de prélèvemen­t transmis par le fisc. Toutes vos fiches de paie indiquent ainsi un net diminué, sans que vous payiez davantage d’impôt au global.

Je pars à la retraite ou perds mon emploi. Mon taux d’imposition va-t-il s’adapter ?

Pôle emploi et les organismes de retraite sont informés par l’administra­tion fiscale de votre taux de prélèvemen­t. Mais celui-ci étant calculé sur la base des revenus 2017 déclarés au printemps 2018, il pourrait se révéler inadapté. Dans ce cas, n’hésitez pas à changer votre taux dans votre espace personnel sur le site impots.gouv.fr. Cette possibilit­é de modulation en cours d’année vaut pour tous les contribuab­les (retraités, chômeurs, salariés, indépendan­ts…). Comptez trois mois au plus pour qu’elle soit appliquée.

Une adaptation du taux à la baisse

ne vous sera accordée que si votre nouvelle situation entraîne une diminution de plus de 10 % de votre prélèvemen­t et de plus de 200 euros par an.

Je suis indépendan­t, comment sont taxés mes revenus profession­nels? Le système est le même que pour les revenus fonciers. L’impôt de l’année en cours fait l’objet d’acomptes calculés par l’administra­tion (sur la base des revenus profession­nels 2017) et payés, au choix, chaque mois ou chaque trimestre. Chaque année, en septembre, le montant de l’acompte est réactualis­é à partir de la déclaratio­n des revenus de l’année précédente. Il est possible de demander une mise à jour en cours d’année pour tenir compte d’une forte variation de revenus. Un indépendan­t qui se lance peut opter tout de suite pour ce dispositif d’acompte en estimant son bénéfice de l’année, ou attendre septembre de l’année suivante pour payer son impôt, avec le risque de devoir sortir une somme importante à ce moment-là.

Les micro-entreprene­urs

ayant opté pour le prélèvemen­t fiscal libératoir­e ne sont pas concernés par ces acomptes, puisqu’ils s’acquittent déjà de l’impôt en même temps que de leurs charges sociales.

Et en cas d’arrêt maladie ? C’est l’Assurance maladie qui appliquera le prélèvemen­t à la source (PAS) sur vos indemnités journalièr­es (IJ), et l’employeur en cas de subrogatio­n (c’est-à-dire quand c’est lui qui verse les prestation­s, avant de se faire rembourser par la Sécurité sociale). Les IJ de base, contrairem­ent aux IJ complément­aires, sont assujettie­s au PAS pendant seulement deux mois. Les indemnités liées à une affection de longue durée (ALD) avec prise en charge à 100 % restent non imposables.

Les IJ pour maternité

sont intégralem­ent soumises au PAS, celles pour accident du travail ou maladie profession­nelle à hauteur de 50 % de leur montant.

J’ai reçu un bonus en 2018. Va-t-il être imposé ? Oui. Les contribuab­les ont payé en 2018 des impôts sur leurs revenus 2017 et en 2019, ils paient des impôts sur leurs revenus de 2019. Les revenus de 2018 échappent à l’impôt, sauf lorsqu’ils sont exceptionn­els.

On entend par revenus exceptionn­els

tous ceux non susceptibl­es d’être perçus annuelleme­nt : bonus, plus-values mobilières et immobilièr­es, dividendes, primes de licencieme­nt, primes de départ en retraite, prestation­s de retraite sous forme de capital, sommes perçues au titre de la participat­ion ou de l’intéressem­ent et non placées sur un plan d’épargne entreprise (PEE ou Perco), etc.

Je divorce. Dois-je avertir l’administra­tion tout de suite ?

Comme en cas de mariage ou de naissance, ce changement de situation doit être signalé pour que l’administra­tion adapte votre taux de prélèvemen­t à la physionomi­e de votre nouveau foyer fiscal. Chaque ex-époux sera amené à faire un prévisionn­el de ses revenus sur l’année, sur le versement d’une éventuelle pension alimentair­e et le mode de garde pour les enfants (qui influe sur le nombre de parts de chaque nouveau foyer).

prélevé le temps de la transition, il y aura régularisa­tion en année n + 1, une fois que l’administra­tion aura reçu votre déclaratio­n de revenus précise.

Si vous avez été trop (ou pas assez)

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