Tous contre un
Quelle est la plus grande crainte des éditeurs et écrivains français en cette rentrée 2019? Pas les gilets jaunes, ni les frimas hivernaux, mais un certain Michel Houellebecq, dont le roman, Sérotonine, tiré à 320000 exemplaires, devrait jouer les rouleaux compresseurs. Alors? Alors, les ouvrages de certains auteurs phares comme Philippe Besson, Andreï Makine, David Foenkinos, Véronique Ovaldé ou Delphine de Vigan ont été prudemment programmés fin janvier et au-delà; d’autres, à l’instar d’Elena Ferrante, d’Eric-Emmanuel Schmitt, d’Atiq Rahimi, ou de Tahar Ben Jelloun, s’apprêtent à affronter l’auteur de Soumission. Reste que, selon Livres Hebdo, pas moins de
493 romans vont envahir les librairies. Un vrai pari sur l’appétit des Français pour les nouveautés et sur leur curiosité puisque les primo-romanciers sont encore une fois à l’honneur. Ils sont 77 en effet, soit 20 % de plus que l’année dernière, à connaître les joies de la publication. Albin Michel, Gallimard et Plon font le forcing, avec respectivement six, cinq et quatre premières fictions. Roman social et (ou) générationnel, islamisme, terrorisme, féminisme… tous les grands sujets de la littérature contemporaine sont abordés, tandis que parmi les thèmes universels, on note une abondance d’ouvrages sur la rupture
et la mort. On se quitte beaucoup en ces temps mouvementés, on pleure et on essaie de surmonter sa peine. Avec ou sans succès. Avec ou sans sérotonine, le neurotransmetteur désormais célèbre, surnommé l’hormone du bonheur. Mais qui pourrait bien faire le malheur de beaucoup.