UNE ENQUÊTE POISSEUSE
Le 13 janvier 2014, HBO diffuse le meilleur polar de son répertoire, True Detective, une fiction d’une noirceur infinie. Située au coeur de la Louisiane, elle est portée par deux acteurs de génie, Matthew McConaughey et Woody Harrelson, tandem de flics torturés jusqu’à la moelle. L’affaire est signée Nic Pizzolatto, un auteur de romans noirs de 38 ans. Un an plus tard, la deuxième saison, avec son intrigue délocalisée en Californie et sa distribution inédite (Colin Farrell, Rachel McAdams), se révèle un ratage : récit sans queue ni tête et comédiens en roue libre. Après de longues négociations, la chaîne câblée décide de passer l’éponge, lançant la production d’une troisième saison synonyme de dernière chance.
L’action se déroule cette fois à Fayetteville, bourgade perdue des monts Ozarks, dans l’Arkansas. Un soir de novembre 1980, un frère et une soeur d’une dizaine d’années manquent à l’appel. Quelques jours plus tard, le garçon est retrouvé mort dans les bois. Deux flics, Wayne Hays (Mahershala Ali, l’acteur oscarisé de Moonlight) et Roland West (Stephen Dorff), mènent l’enquête pour retrouver la fillette. En vain. Classée sans suite, l’affaire est rouverte en 1990 – sans succès, à nouveau – puis en 2005, quand de nouveaux éléments font surface. Agé de 70 ans, l’inspecteur Wayne Hays, rongé par la maladie d’Alzheimer, se met en tête de retrouver son ancien partenaire pour tenter de résoudre le mystère qui le hante depuis vingt-cinq ans.
Les cinq premiers épisodes (sur huit) disponibles pour la presse laissent présager une jolie réussite. Certes, le nouveau duo – excellent au demeurant – ne fait pas oublier les performances de Matthew McConaughey et Woody Harrelson, mais le récit, savamment tissé (les trois époques se mêlent astucieusement dans chaque épisode), constitue un chef-d’oeuvre narratif, donnant l’impression que l’enquête se joue dans la tête du protagoniste malade. Les thèmes sous-jacents (le racisme, la paternité, la culpabilité) sont abordés de façon subtile. Las, l’atmosphère, particulièrement glauque, est trop pesante pour paraître réaliste. L’ensemble se déguste donc avec plaisir mais à petites doses, comme un vieux bourbon.
TRUE DETECTIVE, SAISON 3
À PARTIR DU 14 JANVIER, 21 HEURES, SUR OCS CITY. 14/20