LES TRIBULATIONS D’ARTHUR MINEUR
PAR ANDREW SEAN GREER, TRAD. DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR GILBERT COHEN-SOLAL. JACQUELINE CHAMBON, 256 P ., 22 €. 14/20 Les goûts et les couleurs, ça se discute. que le nouveau bouquin d’Andrew Sean Greer soit aimable et fringant ne fait pas de doute. de là à lui attribuer le prix pulitzer de la fiction 2018, il y a une marge. Un cosmos. On est à des années-lumière du Chant du bourreau,
de Norman Mailer, de Beloved,
de toni Morrison ou de La Route,
de Cormac McCarthy, des oeuvres primées. Celles-là sont passées à la postérité. Les Tribulations d’Arthur Mineur ne feront que traverser. Rien de remarquable à se caler dans la mémoire, juste quelques heures de lecture réellement plaisantes.
Une élégance de dandy dans la forme, une nostalgie surannée dans le fond. Arthur Mineur va avoir 50 ans. Ce qui est déjà une catastrophe en soi. qui plus est, son jeune ex-amant le convie à son mariage, horreur, malheur. pour s’y soustraire en sauvant la face, il accepte toutes les invitations susceptibles de l’éloigner des lieux du délit. Interviewer un auteur célèbre à New York, enseigner l’écriture créative à berlin, fêter l’anniversaire d’une inconnue dans le désert marocain, rédiger un article sur des plats traditionnels au Japon et retravailler son livre en Inde. Arthur est un romancier… mineur, doublé d’un étourdi poursuivi par la guigne. Autant dire que ses pérégrinations tournent aux farces et attrapes. Si une aiguille à coudre s’égaille dans la nature, il se la plante dans le pied, s’il y a une tempête de sable, c’est pour sa pomme. La routine pour lui, qui, en pensée, rebrousse les ans à la recherche du temps perdu et des amours gâchées, comme un vieillard qu’il redoute d’être. Un blues hors d’âge, en décalage total avec le burlesque des situations. C’est, in fine, toute la saveur de ce roman vaporeux à souhait.