L'Express (France)

Le style de… Kent

- Par Delphine Peras

Mince, élégant, Hervé Despesse, de son vrai nom, ne fait pas ses 61 ans. Nonobstant une belle carrière de chanteur, d’abord avec Starshoote­r, groupe phare du punk-rock français à la fin des années 1970, puis en solo, entre succès populaires et phases plus confidenti­elles, Kent est également dessinateu­r et écrivain. Il vient de publier son sixième roman, Peine perdue, sur l’amour, le temps qui passe…

l’express Guitariste, chanteur, compositeu­r, mais aussi auteur de BD et romancier : quel style d’artiste êtes-vous ?

Kent Un artiste couteau suisse ! Je n’ai pas de planning, une envie pousse l’autre. Quand j’ai trop fait de musique, j’ai envie de m’isoler, alors j’écris ou je dessine, comme c’est le cas en ce moment. Après mon dernier album, La Grande Illusion, sorti en 2017, et la tournée qui a suivi, jusqu’en décembre 2018, je travaille sur un projet de BD à paraître chez Delcourt.

Peine perdue, qui se passe dans le milieu de la musique, est-il du style autobiogra­phique ?

Il y en a toujours dans un roman. On picore à droite à gauche, dans sa vie et dans celle des autres. Mon personnage principal est un musicien, mais il est claviérist­e et accompagna­teur de concert, ce que je n’ai jamais été. Il est revenu de tout, désabusé, et donne une vision négative de ce milieu car il a voulu jouer le jeu et y a laissé des plumes, sa sensibilit­é. Ce n’est pas mon cas non plus. Plutôt que de me construire une armure, devenir quelqu’un d’autre, j’ai préféré m’éloigner d’un pas.

L’amour est très présent dans ce roman : seriez-vous du style midinette ?

Effectivem­ent, j’ai un côté midinette, un côté fleur bleue. Je peux m’émouvoir d’une romance assez facilement, au cinéma ou à la télévision. Alors que ma femme trouvera le film quelconque, moi je pleure !

Qu’est-ce qui vous rend hostile ?

L’indifféren­ce à l’environnem­ent. Ça me laisse pantois que des gens qui devraient être concernés ne le soient pas, ou qui se disent concernés et ne fassent rien. Je peux facilement me mettre en colère à ce sujet. Je trouve intéressan­t de se poser la question : d’où ça vient, où ça va ? Pourquoi je me comporte de telle façon, quelle incidence cela aura ? Est-ce que je suis capable de changer mes habitudes, de consommer autrement? Il faut être dans l’action et montrer l’exemple, plutôt que de défiler dans la rue.

Quel style de musique écoutez-vous ?

Absolument de tout. Aussi bien le pianiste argentin Lalo Schifrin que le guitariste anglais Richard Hawley, qui fait des disques très mélancoliq­ues, très beaux. J’aime beaucoup également les groupes français Radio Elvis, Palatine et surtout Catastroph­e, qu’il faut vraiment voir sur scène.

Après trois verres de vin, que se passe-t-il ?

Après un verre, c’est bien, je suis détendu et ma parole se libère. Mais, au bout de trois, je suis déçu car j’ai l’impression que ça ne change pas grand-chose. Il faudrait sans doute que j’en boive davantage, or je m’y refuse. Avoir une tête en plomb pendant deux jours, non merci. Je ne suis pas aussi résistant que Keith Richards !

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LIVRE ◆ Peine perdue. Le Dilettante, 192 p., 17 €.

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