LES SIX FAMILLES DE L’ULTRADROITE
Néofascistes, nationalistes révolutionnaires, royalistes… Six courants composent un paysage inquiétant, dont le but est de renverser la République. Par Boris Thiolay
Ils en rêvent. Avec l’émergence du mouvement des gilets jaunes, le 17 novembre 2018, certains ont même cru tenir enfin leur « grand soir » : une révolution « nationale » et populaire, qui mettrait à bas la République honnie. Un soulèvement qui renverserait le « système », à la main – au choix – des « voleurs », des « banquiers», des «juifs» et autres «coteries»… Depuis quatorze semaines, toute la galaxie des groupuscules d’ultradroite tente de surfer sur un mouvement social inédit pour distiller son idéologie, attiser la haine et manipuler les manifestants. Des néonazis aux royalistes, des nationaux révolutionnaires aux néofascistes, quelque 2000 à 3000 activistes et sympathisants provoquent les forces de l’ordre, tentent de s’attaquer aux lieux symboliques de la République, ou déclenchent des combats de rue contre les militants antifas(cistes). « Nous sommes entrés dans une période révolutionnaire», se persuadait Yvan Benedetti, chef de L’OEuvre française, pourtant dissoute, le 19 janvier dernier, lors d’une réunion visant à rassembler plusieurs groupuscules. Peine perdue : l’insurrection brune ne vient pas. Et l’union des familles de l’ultradroite reste une chimère. «Cette mouvance est en perpétuelle recomposition, depuis des décennies, au fil des divergences idéologiques, des querelles d’ego, des règlements de comptes et des inimitiés personnelles, explique le politologue JeanYves Camus, spécialiste de ces mouvements radicaux. Et cela d’autant plus qu’un même individu peut avoir plusieurs appartenances.» Six courants principaux se distinguent aujourd’hui au sein de ce microcosme inquiétant. Revue d’effectifs.