L'Express (France)

Délice burlesque

- I. H.-L.

Sur les planches, au théâtre privé, la tendance est à la revalorisa­tion du boulevard ; un genre considéré – parfois à tort – comme mineur pour sa vulgarité et son systématis­me. Ces dernières années, le metteur en scène Michel Fau y a fait des merveilles avec les textes de Pierre Barillet et de JeanPierre Gredy (Peau de vache et, surtout, Fleur de cactus). Nicolas Briançon, à son tour, réalise une jolie prouesse avec le Canard à l’orange, signé du Britanniqu­e Sir William Douglas Home.

L’action se déroule dans la banlieue chic de Londres. Hugh Preston (Nicolas Briançon), animateur à la BBC, découvre que sa femme Liz (Anne Charrier) a une liaison. Le mari a beau être volage lui aussi, son rôle de cocu le rend malade. Il décide d’inviter au domicile conjugal sa belle secrétaire (Alice Dufour), pour provoquer la jalousie de sa femme, et l’amant de celle-ci (François Vincentell­i), dans l’optique de le ridiculise­r.

Si la pièce, écrite en 1968, frappe par son sexisme daté (les femmes sont réduites à de simples objets de conquêtes; l’épouse est impuissant­e, la secrétaire arriviste), l’écriture se révèle réjouissan­te de drôlerie et d’excentrici­té. Les jeux de mots fusent. L’alcool coule à flots (Nicolas Briançon, absolument génial, joue un personnage ivre du début à la fin). Les scènes burlesques nous font hurler de rire (mention spéciale au jeu de claquettes de François Vincentell­i). Et, comme toujours, Anne Charrier se montre impeccable de justesse et d’élégance. Les deux heures de spectacle filent à une allure hallucinan­te. Ce Canard à l’orange est un véritable délice.

LE CANARD À L’ORANGE

THÉÂTRE DE LA MICHODIÈRE PARIS (IIE). 15/20

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