Dilem, le crayon qui vise juste
Voilà trente ans que le mordant Dilem croque la vie politique algérienne avec ses dessins qui font les délices des lecteurs du quotidien algérien Liberté.
Ces dernières années, le président Abdelaziz Bouteflika y apparaît comme un personnage grabataire, cloué à un fauteuil roulant et sous perfusion. Dans l’un d’eux, publié
avant que le chef de l’Etat renonce à se porter candidat à un cinquième mandat, on voyait le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, hésiter entre deux affiches de campagne : l’une représentait un fantôme, l’autre, une momie ! Agé de 51 ans, Ali Dilem est une figure de longue date en Algérie, mais aussi à l’étranger, où il a reçu de nombreux prix. Ses dessins, féroces, sont aujourd’hui brandis comme des manifestes dans tous les mouvements populaires à Alger ou à Oran. Son talent est une arme et son oeil vise juste. La preuve ?
Il a dû souvent défendre ses croquis au tribunal face aux sbires du régime. Admirateur de l’intellectuel Saïd Mekbel et du musicien Matoub Lounès, assassinés pendant la « décennie noire » de la guerre civile des années 1990, Dilem affirme n’avoir aucune limite, sauf, parfois, quand il s’agit d’aborder la religion. Plusieurs fois menacé de mort par des groupes islamistes, il publie aussi dans l’hebdomadaire français Charlie Hebdo depuis 2015.