L'Express (France)

CACHETONVE­NIN

- V. P.

Le mot « recluse » a deux sens. Il désigne d’abord une araignée, brune, dont le venin peut provoquer chez la victime une violente nécrose des tissus ainsi que des infections. Il peut aussi qualifier une femme qui, par pénitence, s’isole du monde en se murant dans un espace clos. Ces deux définition­s se retrouvent étroitemen­t liées dans le nouveau téléfilm de Josée Dayan, Quand sort la recluse, adaptation du roman éponyme de Fred Vargas. Un univers que la réalisatri­ce de Capitaine Marleau connaît à

merveille, puisque c’est la cinquième fois qu’elle met en scène les enquêtes du commissair­e Jean-Baptiste Adamsberg, toujours campé par Jean-Hugues Anglade (photo).

Pour cette nouvelle affaire, Adamsberg se frotte aux arachnides et plus particuliè­rement à Loxosceles rufescens, la fameuse recluse. Cette dernière a provoqué la mort de trois vieillards à quelques mois d’intervalle dans le sud de la France. Pour les spécialist­es, il est possible que la bestiole ait muté après avoir ingéré trop de pesticides. Une hypothèse qui ne tient pas pour Adamsberg, le commissair­e flairant plutôt une possible série de meurtres. Il ne lui en faut pas plus pour entraîner ses collègues sur cette piste, au grand désarroi de Danglard, guère convaincu par les suspicions de son supérieur...

Divisée en deux parties de quatre-vingt-dix minutes, Quand sort la recluse est une enquête particuliè­re. Le rythme est lent, le style, très théâtral, tout comme l’interpréta­tion. Une approche qui tranche avec le sujet de fond, plutôt poisseux, qui pourrait coller à un polar signé David Fincher. La comparaiso­n s’arrête là. Car, chez Josée Dayan, une nouvelle fois épaulée par Emmanuel Carrère à l’écriture, les flics prennent leur temps, et l’intrigue progresse au rythme des verres de vin dégustés entre deux interrogat­oires. Il faut dire que la toile tissée par l’enquête est vaste, et raccorder tous les fils pour deviner le pourquoi du comment demande du temps. Dommage qu’on ne puisse en dire autant sur l’identité du tueur, que l’on devine trop vite. Reste que l’ensemble suscite assez de mystères pour continuer à suivre les questionne­ments d’Adamsberg, joué par un solide Jean-Hugues Anglade, lui-même épaulé par un casting plaisant : Sylvie Testud, Pierre Arditi, Jérôme Kircher ou Elisabeth Depardieu. De quoi tenir les téléspecta­teurs en haleine jusqu’au final, riche en révélation­s. QUAND SORT LA RECLUSE LES MERCREDIS 10 ET 17 AVRIL, À 21 HEURES, SUR FRANCE 2. 11/20

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