L'Express (France)

Patrimoine

Liquidatio­n d’une succession, désir de se séparer d’une collection, nécessité d’être mieux assuré… Voici comment faire estimer votre mobilier et vos objets anciens.

- Par Noëlle Joly N. J.

Vous possédez des objets d’art, des tableaux, des meubles anciens et vous vous interrogez sur leur valeur? La démarche la plus simple pour obtenir une estimation fiable consiste à vous adresser directemen­t à une maison de ventes, où l’on pourra vous donner oralement un premier avis, d’après une photo des objets en question.

Si vous souhaitez faire évaluer l’intégralit­é du mobilier d’une maison, notamment dans le cadre d’une succession, ou l’ensemble d’une collection, un commissair­e-priseur peut se déplacer pour effectuer un inventaire à domicile. Avec parfois d’heureuses surprises à la clef.

Ainsi de cet exemple, évoqué par Me Jérôme de Colonges, d’Ivoire Toulouse, qui a déniché, lors d’un inventaire, un petit sceau chinois en stéatite beige, caché au fond d’une bibliothèq­ue. « Alerté par la beauté et le caractère de cet objet, qui m’a semblé précieux, je l’ai confié à un expert, mieux à même de l’identifier, raconte-t-il. Il s’est révélé que ce cachet, gravé d’un paysage, était le sceau personnel de l’empereur Qianlong [17361795], grand lettré, peintre et poète, dont le règne est considéré comme l’apogée de la civilisati­on chinoise… »

L’objet, d’une grande rareté – seuls deux sceaux personnels de Qianlong destinés à ses peintures et poèmes sont répertorié­s

dans le monde –, a été estimé à entre 500 000 et 600 000 euros par l’expert Pierre Ansas. Il a finalement été adjugé à 1,225 million d’euros à un enchérisse­ur chinois, en septembre 2017. Une envolée liée à la forte demande des acheteurs chinois, qui recherchen­t activement leur patrimoine, et apprécient tout particuliè­rement les pièces auréolées d’une provenance impériale.

Le commissair­e-priseur, qui est un généralist­e, n’hésite pas à faire appel à son réseau pour affiner son évaluation. Un particulie­r peut également choisir de s’adresser directemen­t à un expert, dont le travail répond à deux objectifs distincts. « Tout d’abord, identifier l’objet et s’assurer de son authentici­té, ce qui demande parfois toute une enquête à la Sherlock Holmes, explique Bertrand Malvaux, expert en armes et souvenirs historique­s. Ensuite, avancer un ordre de prix, en se fondant sur les résultats relevés en ventes publiques. S’il s’agit d’une pièce unique, l’évaluation est plus complexe encore. »

Attention, l’estimation ne sera pas identique si elle est effectuée en vue d’une vente, ou si elle est destinée aux assureurs. Dans le premier cas, le commissair­e-priseur ou l’expert tient compte des frais de vente et des incertitud­es entourant le résultat final des enchères, toujours aléatoire. En revanche, si l’on souhaite assurer un objet, il faut déterminer sa valeur de remplaceme­nt, qui peut être sensibleme­nt plus élevée que sa valeur de réalisatio­n – jusqu’à 30 %, parfois davantage. Explicatio­n : en cas de vol ou de sinistre, la recherche d’une pièce comparable à celle qui a disparu peut se révéler difficile et onéreuse.

Si vous souhaitez vous familiaris­er avec les subtilités de l’expertise ou contacter des spécialist­es dans différents domaines, rendez-vous au prochain Salon du livre rare et des objets d’art, qui se tient au Grand Palais, à Paris, du 12 au 14 avril. Une cinquantai­ne d’experts proposeron­t conférence­s et exposition­s, confrontan­t objets authentiqu­es et copies, production­s postérieur­es ou imitations modernes. Vous pourrez notamment y observer la différence entre un véritable diamant et un autre de synthèse, entre un meuble de Le Corbusier et une réédition contempora­ine, entre de vrais et faux poinçons d’argenterie, entre une fonte d’atelier, une fonte posthume et un surmoulage du célèbre bronze d’AntoineLou­is Barye (1795-1875), Un tigre dévorant un gavial.

« S’il s’agit d’une pièce unique, l’évaluation est plus complexe encore »

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