En France, des réseaux d’influence
Le pouvoir algérien suit de très près une importante diaspora – de 5 à 6 millions de personnes, y compris les ressortissants français d’ascendance algérienne – établie en France. Quelques lieux et structures emblématiques assurent une représentation diplomatique, religieuse, culturelle et jouent, à l’occasion, un rôle de contrôle et d’influence. A commencer par l’ambassade d’Algérie à Paris, assistée de 5 consulats généraux et de 13 consulats disséminés sur le territoire français. Ainsi, le général-major Ali Bendaoud, récemment promu à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) algérienne, a longtemps officié en tant que chargé de sécurité et attaché du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) à l’ambassade à Paris. La mosquée de Paris, inaugurée en 1926 en hommage aux dizaines de milliers de soldats musulmans morts pour la France en 1914-1918, lieu emblématique de l’islam hexagonal, est dans l’orbite de l’Algérie, qui finance un tiers de son budget. Plusieurs de ses cadres administratifs seraient, selon plusieurs sources, d’« honorables correspondants » du DRS. L’un d’entre eux est un ancien sergent versé dans le renseignement. « La mosquée est un lieu d’influence et de surveillance des Algériens », commente un universitaire.
« Tout ce qui s’y passe est immédiatement rapporté à l’ambassade », affirme Abderrahmane Dahmane, qui fut conseiller pour la diversité auprès de Nicolas Sarkozy. Les responsables de la mosquée ont récemment fait allégeance à l’homme fort du régime dans l’actuelle transition, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major et vice-ministre de la Défense.
L’Amicale des Algériens en France, association à vocation sociale et culturelle, fut longtemps la succursale du FLN en France. Mais son influence décline. Lors des récentes manifestations contre le président Bouteflika et le « système », une vingtaine d’individus surveillaient les cortèges. Les mêmes, « payés par le régime », assure Abderrahmane Dahmane, ont bien tenté d’initier des rassemblements de soutien. Sans succès.