À LA CIME DES MONTAGNES
PAR CHi ZiJiAN, tRAD. Du CHiNOiS PAR StéPHANE LévèQuE Et yvONNE ANDRé. PiCQuiER, 464 P ., 22, 50 €. 17/20
une quarantaine de personnages s’ébattent dans A la cime des montagnes. Les familles An, tang, Chen, Xin, Shan et des seconds couteaux tout aussi chinois, à l’exception d’une poignée de Japonais et de Russes. un minimum pour dépeindre les hauts et les bas d’un village entier. Conscientes que le lecteur risque de perdre le nord, la longitude et l’équateur sous l’avalanche de noms, les éditions Picquier ont eu l’excellente idée d’ouvrir le bouquin avec l’arbre généalogique de chaque smala, surnoms compris, et les particularités des autres protagonistes. En vérité, si on dégaine la boussole au début, on finit par s’y retrouver grâce aux jalons posés par l’auteure. il suffit alors de se laisser emporter par la délicatesse du style et le réalisme magique qui imprègne la saga. Longzhan est un bourg fiché au flanc de Montdragon, dans l’extrême nord de la Chine. température en hiver : – 30 à – 40 °C. taux de bizarreries : préoccupant. Du haut de ses 92 centimètres, Neige, aussi appelée Petite Fée, parle avec le vent, devine la date de décès des habitants en observant les nuages et sculpte des stèles admirables pour les futurs trépassés. Son viol et le meurtre de Wang Xiuman mettent les villageois en émoi. Le coupable, Xin Xinlai, a non seulement décapité sa mère adoptive, mais aussi abusé d’un être surnaturel. La traque de l’ordure par Xin Kailiu, son grand-père malgré lui, sert de fil rouge aux dizaines de destins qui s’entrecroisent sur plusieurs époques. Des vies émouvantes, surprenantes, terribles ou cocasses palpitent dans ce puzzle touché d’irréel. L’écriture évanescente, jonchée de fleurs merveilleuses et d’animaux enchantés, est semblable à une estampe : qu’il est immense, ainsi conté, ce monde minuscule…