BONNES POUR LE CASSE
Le point de départ est digne d’un sketch des Monty Python. Jenny et Cécilia sont deux amies suédoises, la soixantaine passée ; la première termine une belle carrière d’institutrice, la seconde est gastro-entérologue dans un hôpital public. Elles habitent dans un quartier résidentiel de la banlieue de Stockholm, où elles mènent une vie pépère de préretraitées jusqu’au jour où l’argent fait défaut. Jenny, en instance de divorce, découvre que son ex-mari
est en train de la plumer ; Cécilia, accro au boursicotage, a dilapidé l’épargne familiale. Un matin, un truand avec un cancer en phase terminale, lui fait part d’un plan infaillible pour braquer une banque… L’idée fait son chemin : après tout, qui soupçonnerait deux sexagénaires d’un vol à main armée ? Cetté série désopilante a le mérite de tordre le cou à deux clichés. Le premier : les comédies s’exportent mal, car les références culturelles ne passeraient pas les frontières. Le second : les Suédois n’ont pas d’humour, n’étant doués que pour écrire des polars. Faux. Et re-faux. Cette courte création (six épisodes) se situe entre Le Grand Bain et The Full Monty pour ses ressorts joyeusement burlesques : les héroïnes se déguisent, s’amusent à jouer aux dures, ne parviennent plus à concilier leur vie de famille avec la préparation du casse, et, surtout, font preuve d’une incompétence totale en matière d’informatique (la scène où Jenny tente d’obtenir des informations sur le dark Web pour déverrouiller les cassettes pleines d’argent est hilarante).
En creux, le système suédois en prend évidemment pour son grade. En détresse financière, Jenny et Cécilia ne sont pas protégées par l’Etat qu’elles ont servi loyalement pendant presque quarante ans. Quant à la gent masculine, elle n’est pas épargnée. Au départ, cette série est l’adaptation d’un roman signé Tomas Arvidsson, déjà porté à la télévision suédoise dans les années 1970 (un carton). Mais, à l’époque, les deux protagonistes étaient campés par des hommes. En choisissant des héroïnes, le réalisateur Felix Herngren montre comment les mâles ont tendance à s’écrouler au moment de la retraite, ne sortant de leur torpeur que pour une bonne bouffe ou une belle bouteille de vin. C’est dur… Mais qu’est-ce que c’est drôle.
BRAQUAGE À LA SUÉDOISE
À PARTIR DU JEUDI 18 AVRIL, 20 H 55, SUR ARTE. 14/20