Une piste contre les acouphènes?
Ils empoisonnent la vie de près d’un tiers des Français. Sifflements aigus ou graves, bourdonnements ou cliquetis, les acouphènes, qu’ils soient permanents ou intermittents, peuvent vite devenir insupportables. D’autant que la médecine s’avère impuissante face à ces bruits produits par le système auditif : les seules réponses consistent en des stratégies d'« habituation ». Autrement dit, les malades doivent apprendre à vivre avec ! Mais les travaux de scientifiques américains et hongkongais, publiés récemment dans la revue Plos Biology, pourraient ouvrir la voie à un traitement. Ces chercheurs ont découvert, à partir d’études animales, que l’inflammation, c’est-à-dire la réaction de notre système immunitaire aux agressions extérieures, joue un rôle clef dans le déclenchement des acouphènes. Notamment quand ces bruits indésirables surviennent après une perte auditive due à l’écoute de volumes sonores importants – ce qui est souvent le cas des patients les plus jeunes. Pour aboutir à cette conclusion, les scientifiques ont exposé des souris à des sons très forts. Ils ont alors constaté une baisse d’audition chez ces animaux et des niveaux élevés de molécules pro-inflammatoires (cytokines) dans leurs oreilles internes, mais aussi dans leur cortex auditif. Cette inflammation s’accompagnait d’acouphènes. Puis ils ont placé dans les mêmes conditions d’autres rongeurs, chez qui une des principales familles de cytokines avait préalablement été éliminée.
Ces souris, elles, n’ont pas eu d’acouphènes ! Pourrait-on dès lors lutter contre ces sons en bloquant, chez l’homme, certaines réponses neuro-inflammatoires ? Les auteurs de l’étude n’écartent pas cette hypothèse. « Il faut toutefois noter que l’inflammation se trouve aussi impliquée dans des fonctions physiologiques normales.
Les effets secondaires d’une telle manipulation devront donc être étudiés de façon approfondie », avertissent-ils. En attendant, la meilleure prévention reste de ménager ses oreilles…