AUPRÈS DE MON ARBRE REMARQUABLE
Trois chênes exceptionnels sont mis en valeur au sein des bois. Trois feuillus qui cachent une forêt infinie de verdure généreuse et bienfaisante.
Acôté de lui, tout semble très petit. Du haut de ses 23 mètres et de ses 400 ans, le chêne des Hindrés en impose. Colosse au milieu de frêles congénères, il observe les nez en l’air, les têtes jetées en arrière à la recherche d’une cime qui flirte avec le ciel. Sous son ombre, les promeneurs savourent une pause fraîcheur au milieu d’une balade vers la fontaine de Jouvence et le tombeau de Merlin. Majestueusement couronné de ses longues et tortueuses branches entortillées au-dessus de son tronc, le quadruple centenaire est un arbre remarquable. La forêt de Brocéliande en compte trois, balisés et « visitables ».
A Concoret, non loin du château de Comper, le chêne à Guillotin a pris racine il y a plus de cinq cents ans – mille même selon la légende locale. Son tronc approche les 10 mètres de circonférence et cache, surtout, un secret : un creux tellement profond qu’il y entrerait une dizaine de personnes. En y trouvant refuge, l’abbé Guillotin aurait ainsi pu échapper aux révolutionnaires. Tout près des forges de Paimpont, le chêne d’Anatole Le Braz aurait inspiré l’auteur breton, qui venait s’adosser à cet arbre gros de 4,6 mètres
de circonférence. Une dizaine d’arbres remarquables, tant par leur histoire que par leur aspect, jalonnent la forêt. Des trésors jalousement gardés, afin qu’ils demeurent préservés. « Le piétinement détruit le sol et impacte le système racinaire », explique Régis Supper, responsable administratif de la station biologique de Paimpont. Pour éviter la mise en péril, les trois arbres remarquables « officiels » ont été parés de barrières en bois et autres systèmes de protection rendant impossibles les approches trop envahissantes de visiteurs indélicats ou d’amateurs de silvothérapie. Reste que le câlin corpsà-tronc n’est pas la seule façon de se ressourcer auprès des arbres. La forêt de Brocéliande en compte des dizaines de milliers, dont la seule proximité apporte une sérénité certaine.
« Il y a tant d’arbres qu’on ne peut tous les citer », dit Pierre, le garde forestier qui présente les lieux dans La Porte des secrets, le spectacle mis en place par l’office de tourisme de Paimpont. A l’origine forêt de feuillus, chênes, hêtres, charmes et châtaigniers, la forêt de Brocéliande a été profondément remaniée par l’homme. C’est lui qui a introduit les résineux, qui aujourd’hui composent une grande partie de cette forêt désormais mixte. « Au coeur de chaque forêt, assure Pierre, se trouve un arbre maître. N’attendez pas de moi que je vous dise où est celui de Brocéliande. Cet arbre est propre à chacun. A vous de trouver le vôtre. »