L'Express (France)

Le style de… Laurent Gaudé

- Par Delphine Peras

Romancier renommé, lauréat notamment du prix Goncourt pour Le Soleil des Scorta, en 2004, et dramaturge prolifique, l’écrivain de 47 ans préside la 41e édition du Livre sur la place à Nancy. Avec plus de 600 auteurs invités et une centaine de débats, c’est le premier Salon national littéraire de la saison.

l’express La rentrée littéraire n’est-elle pas un style de tradition dépassée ?

Disons que le jour où on trouvera une solution pour qu’elle se répartisse sur plusieurs moments de l’année, je serais content. Cette tradition me paraît bizarre, d’ailleurs, elle n’existe pas dans les autres pays. Heureuseme­nt, la rentrée de janvier fait de plus en plus le poids. Mais ça me paraît un peu absurde de publier autant de romans en septembre, alors que c’est le moment où les gens ont le moins le temps de lire et sans doute le moins d’argent à dépenser. Pourtant, le public suit, ça reste un mystère…

Quel style de président allez-vous être pour ce festival de Nancy ?

Je vais être moi-même ! J’ai d’abord un petit pincement au coeur à l’idée d’y retourner car ce festival reste associé pour moi à feu Edmonde CharlesRou­x, que j’ai vue là-bas pour la première fois alors qu’elle présidait le jury Goncourt. J’étais tout timide, je suis allé la saluer et je garde le souvenir d’une grande dame. Cette 41e édition sera réussie si on a le sentiment que la rentrée littéraire aura été explorée le plus largement possible. J’espère que la curiosité du public y trouvera son compte et ne se limitera pas aux quelques livres qui focalisent l’attention des médias.

A ce propos, que vous inspire « l’affaire » Yann Moix ?

Je trouve dommage qu’on ne parle que de lui, de la polémique, et même plus du livre. Ce débat ne m’intéresse pas. Il a le droit d’avoir lieu, bien sûr. Mais dans la presse, à la radio comme à la télévision, il prend la place d’auteurs à découvrir. Ça me contrarie un peu.

La lecture à voix haute est un style d’exercice que vous pratiquez de longue date…

Oui, depuis mes débuts au théâtre, il y a vingt-cinq ans. Ça se fait de plus en plus dans les festivals et je m’en réjouis. Car un texte lu à voix haute est une formidable façon de nous inviter à entrer en contact avec les mots, les phrases ; à appréhende­r un style et à nous donner envie de lire le livre. Je suis très heureux de faire à Nancy [le samedi 14 septembre, à 20 h 40], une lecture de mon roman Ecoutez nos défaites, avec Sara Giraudeau.

Qu’est-ce qui vous rend hostile ?

Beaucoup de choses, parmi lesquelles ces menaces qui pèsent sur l’Europe. Je m’inquiète de cette époque où, tout à coup, la constructi­on européenne devient décriée, alors que c’est une aventure passionnan­te, inouïe, comme je le rappelle dans mon dernier livre, Nous, l’Europe, banquet des peuples. Ce qui se passe en Angleterre, et plus récemment en Allemagne avec une montée de l’extrême droite, me met très en colère.

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