Ramadan sort du silence

L’islamologue accusé de viols par cinq femmes est sorti du silence à l’occasion de la promotion de son livre, Devoir de vérité, qui paraît le 11 septembre aux Presses du Châtelet. Dans cet ouvrage, Tariq Ramadan se campe en victime du système judiciaire. Il en profite pour régler quelques comptes. Avec la police et ce commissaire auquel il prête une attitude « cynique » dictée par le « tribunal médiatique ». Avec les magistrats, auteurs d’une « instruction à charge ». Avec les plaignantes, enfin, s’appuyant sur les incohérences de leurs déclarations. De sa confrontation avec une accusatrice, Ramadan retient son « attitude hautaine, agressive ». Pas un mot en revanche des actes dont elle l’accuse. En filigrane, s’il proclame que l’ouvrage n’est pas « un plaidoyer pour [sa] défense », on comprend qu’il est un outil de reconquête de ses fans auxquels il n’hésite pas à se comparer. « Je me suis souvenu de ces jeunes Français des banlieues, […] de leurs déboires avec la justice. Ils se sentaient […] accusés à cause de leur nom, de leur faciès. » Voilà sans doute le fond du livre : rassurer ses partisans et prêcher d’abord les convertis.