ROSE DÉSERT
par Violaine Huisman. Gallimard, 236 p., 19 €. 16/20
Son premier roman, Fugitive parce que reine, portrait poignant et flamboyant d’une mère maniacodépressive à hauteur d’enfant, en avait bluffé plus d’un(e) l’année dernière
– près de 40 000 exemplaires vendus. Violaine Huisman, née en 1979, continue sur cette lancée autobiographique avec Rose désert, sur un mode encore plus personnel, même s’il est à nouveau question de la « mère flippante ». En cet été 2007, sa narratrice, Violaine, Française de 28 ans, décide de quitter New York (où elle vit depuis un moment) et, surtout, un homme passionnément aimé, mais toxique. Direction le Maroc, pour une traversée du Sahara jusqu’au Sénégal, en passant par Nouakchott, en Mauritanie. C’est là que « des chercheurs ont découvert la plus vieille couleur du monde. Un rose profond issu des pigments de fossiles moléculaires […] qui auraient habité un océan disparu depuis des billions d’années ». Mais a-t-on idée d’entreprendre un tel voyage en solo quand on est une jeune femme ? Qui plus est « sans plan, sans guide, sans programme », ignorant tout de la géopolitique et des us de la région, chaussée de sandales à talon, coiffée d’un Stetson en paille… En vérité, l’égarement lui tient lieu de boussole. Le souvenir obsédant de son histoire d’amour tumultueuse, torride, l’incite à poursuivre ce périple insensé, ponctué de rencontres improbables.
Lui revient ensuite son passé d’adolescente parisienne auprès de cette mère suicidaire et « sous l’ombre de son père ». S’il faut un tant soit peu goûter le registre de l’autofiction pour apprécier ce roman fragmenté, la plume électrique de Violaine Huisman recèle un pouvoir quasi hypnotique. Tantôt chatoyante, tantôt abrupte, voire très crue dans l’érotisme, elle dit aussi bien la beauté du désert que les affres du désir, les ravages de la folie que la douleur de la perte.