LE RADIO-TRAÎTRE. JEAN HÉROLD-PAQUIS, LA VOIX DE LA COLLABORATION
par Yves Pourcher. Alma Éditeur, 464 p., 24 €. 14/20
« Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand ! » Nous connaissons tous cette ritournelle qui se chantait – discrètement – sous l’Occupation. Mais ce que l’on sait moins, c’est que Radio-Paris avait un « super-menteur » en la personne de Jean Hérold-Paquis, le speaker vedette de la station, qui déversait sur ses antennes toute la propagande de la collaboration. C’est cet homme modérément sympathique que nous invite à découvrir le spécialiste de Vichy Yves Pourcher dans une biographie un peu décousue mais passionnante. Fils d’épiciers lorrains, Hérold-Paquis était une sorte de journaliste un peu hâbleur de l’entre-deux-guerres, penchant nettement à droite, au point de s’engager du côté de Franco lors de la guerre d’Espagne. C’est là-bas qu’il se découvre des talents d’orateur. De fil en aiguille, il deviendra donc la voix de la collaboration, célébrant encore les victoires allemandes alors que les Alliés étaient déjà à Strasbourg. Pierre Dac, son homologue de Radio-Londres, le rebaptisera l’«Obersturmmilitaerischespeaker». Il est vrai que le ton cabot de ses saillies radiophoniques, surnommées ses « paquisades », toujours aux limites de la délation et invariablement conclues d’un tonitruant « L’Angleterre, comme Carthage, sera détruite ! », en fit l’une des cibles favorites des gaullistes. Il fuira en Allemagne avec la clique de Doriot, se fera arrêter à la frontière suisse, avant d’être jugé à la Libération. Verdict : la mort. En attendant son exécution, dans sa cellule, il écrit des poèmes… Au-delà du destin pathétique d’Hérold-Paquis, cette biographie cerne bien la psychologie d’un certain type d’aventurier de la collaboration, tel qu’il en a surgi pas mal durant les années noires. On pourrait citer Darquier de Pellepoix, Luchaire, Pierre -Antoine Cousteau…