Qu’il relève de l’enfance ou des aventures amoureuses, qu’il désigne nommément ou non les protagonistes, le roman “familial” ne laisse jamais indifférents les “héros” d’un jour
Il n’y a pas que l’affaire Moix. L’intime demeure une source d’inspiration éternelle. Au risque des règlements de comptes…
Avos plumes, prêts, tirez ! Comme les universités d’été des partis et les feuilles en automne, chaque rentrée littéraire charrie sa belle polémique. Depuis que Serge Doubrovsky a créé, en 1977, le néologisme « autofiction » pour qualifier son roman Fils, le genre n’a cessé de provoquer de jolies foires d’empoigne, jusqu’à envahir les prétoires.
Qu’il relève de l’enfance ou des aventures amoureuses, qu’il désigne nommément ou non les protagonistes, le roman « familial » ne laisse jamais indifférents les « héros » d’un jour. Aujourd’hui, c’est José Moix, outré par le rôle de tortionnaire que lui fait endosser son fils Yann dans Orléans (Grasset), qui a le premier déclenché la riposte. Hier, ce furent Elise Bidoit qui, se reconnaissant sous les traits de la manipulatrice Hélène du Marché des amants (Seuil, 2008) et des Petits (Flammarion, 2011) de Christine Angot, attaqua cette dernière devant les tribunaux, ou encore le père d’Edouard Louis, qui se porta en faux contre l’attitude familiale décrite dans En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil, 2014). Il faudrait encore citer la prise de bec d’Emilie Frèche avec Séverine Servat de Rugy, l’ex-compagne de Jérôme Guedj et mère de son fils (Vivre ensemble, Stock, 2017) ou encore les démêlés de Simon Liberati avec sa belle-mère, Irina Ionesco (Eva, Stock, 2015). La liste est sans fin, tant les frontières entre réalité et fiction sont ténues. Quand les sources d’inspiration puisent dans l’intime, la suspicion règne, inévitablement. En cette riche rentrée littéraro-environnementale, quatre cas ont retenu notre attention : Mazarine Pingeot, dont le Se taire n’est pas sans rappeler les déboires de sa nièce, Pascale Mitterrand ; Gaël Tchakaloff, reine du name dropping avec Vacarme, Lionel Duroy, qui creuse inlassablement l’histoire familiale, et Ingrid Méchoulam, qui relate ses années Sagan.