L'Express (France)

LE COUTEAU

- S. B.

par Jo NesbØ, trad. du norvégien par Céline Romand-Monnier. Gallimard, 606 p., 22 €.

Le Couteau,

12e mésaventur­e de Harry Hole, commence fort. Dans la dèche, où se complaît l’ex-inspecteur de la police criminelle d’Oslo. Toujours entre deux cuites, entre deux beignes. Rakel, la femme de sa vie, celle qui lui a réappris la douceur des jours, l’a jeté dehors pour une histoire de coucherie. Alors, il s’est laissé couler. La directrice de la brigade l’a rattrapé par les bretelles et lui a confié les cold cases. Hole s’en fout, il est au fond du trou. Des meurtres au couteau le sortent vaguement de son coma. Le découpeur ne peut être que Svein Finne, arrêté dix ans auparavant par ses soins, tout juste sorti de taule. Nouvelle claque, ultime celle-là : Rakel est assassinée à coups de lame. La nuit même où Harry s’est tellement murgé qu’il ne se souvient de rien. Plongée dans l’abîme pour un homme dissout dans le chagrin et l’alcool ? Du tout. Jo NesbØ préfère multiplier les fausses pistes, pendant que son héros court dans tous les sens à la recherche de Svein Finne, forcément coupable du crime de Rakel. Plus guère d’émotion dans cette affaire. Seulement l’efficacité d’un thriller soigneusem­ent huilé, rouages compliqués à plaisir. Mécanique plutôt que viscéral. De temps à autre, l’auteur ménage un crocen-jambe à Hole, histoire de rappeler que le gars en bave des jantes de tracteur. Avant de s’en retourner rapido à des personnage­s secondaire­s dont il étale l’existence pour mieux égarer le lecteur et lui mitonner des rebondisse­ments à retardemen­t. Il en oublie Svein Finne, le pivot de l’intrigue.

Il doit préparer un gigot de sept heures, trier ses factures, allez savoir. En attendant, c’est pas qu’ons’ennuie, c’est qu’on s’impatiente. Où est ce supplément d’âme propre à NesbØ ? Resté dans les yeux d’un vieillard aphasique, au début du bouquin. Pas merci.

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