LES VERSETS PROPHÉTIQUES
Rappel des faits. En 1988, l’ayatollah Khomeini condamne à mort Salman Rushdie en lançant une fatwa, un décret religieux. Le guide de la révolution islamique iranienne est alors formel : tous les musulmans ont non seulement le droit, mais le devoir de tuer l’écrivain indobritannique, qui vient de publier les Versets sataniques, un roman jugé blasphématoire. Pendant dix ans, l’auteur est contraint de vivre reclus, sous haute protection policière. Il fait l’objet d’une vingtaine de tentatives d’assassinat. Ses traducteurs japonais et italiens sont poignardés, et son éditeur norvégien grièvement blessé. En 1998, au terme d’un accord négocié entre Londres et Téhéran, la fatwa est levée. Et pourtant, Salman Rushdie est toujours menacé. Il vit aujourd’hui à New York.
Au fil d’une superbe interview avec l’écrivain, le documentariste français William Karel (Les Hommes de la MaisonBlanche, Le Monde selon Bush, Opération Lune) retrace son parcours tragique et rocambolesque, où la personnalité géniale de Salman Rushdie transparaît à chaque image. Face caméra, l’homme est à la fois lucide, juste, philosophe, drôle et grave. Jamais il n’éprouve de regret ou de ressentiment vis-à-vis de ceux qui ont pris position contre son livre, à l’instar de John le Carré, Roald Dahl et le prince Charles. Devant la menace du fondamentalisme radical, l’auteur aura été tristement prophétique. Au terme de cet excellent documentaire, une envie s’impose : (re)lire les Versets sataniques. Le triomphe de la littérature est total.
SALMAN RUSHDIE, LA MORT AUX TROUSSES Mercredi 13 novembre, 22 h 50, Arte. 15/20