L’évasion : la folie des rallyes automobiles
Plaisir de conduire, découverte du patrimoine, gastronomie : les rallyes touristiques automobiles connaissent un succès grandissant.
Prendre les chemins buissonniers, éviter les autoroutes et les embouteillages, visiter les plus belles régions, profiter de la gastronomie locale en automobile de sport ou de collection… Voilà l’objectif des rallyes, raids et autres balades qui rythment le calendrier, en France comme à l’étranger. Les participants y retrouvent la vocation originelle de l’automobile, celle du voyage et de la découverte des grands espaces. C’est avec le goût croissant pour la collection, dans les années 1960 et 1970, que ces premières escapades touristiques modernes sont nées. Depuis, elles se sont peu à peu professionnalisées et diversifiées, à l’instigation notamment des Britanniques, qui y voient un prolongement du Grand Tour, ce fameux voyage initiatique que les jeunes gens de la bonne société effectuaient au xviiie siècle. Patrick Peter, organisateur de nombreux événements, dont le prestigieux Tour Auto, qui se déroule chaque année au mois d’avril, explique : « Cela devient un mode de visite des régions, une façon de faire du tourisme en petit groupe homogène. Les organisateurs préparent les voyages, réalisent des road books en fonction des capacités financières des participants : selon les événements, il peut être question d’hôtels deux étoiles ou d’établissements de très grand luxe. En matière de catégories socioprofessionnelles, l’origine des amateurs est très large. »
De la balade de quelques heures en Normandie à l’épopée de plusieurs semaines dans des contrées exotiques, une offre existe pour tous les goûts ou toutes les bourses. Les plus emblématiques s’inspirent de courses automobiles mythiques du xxe siècle, ressuscitées à partir du début des années 1990. En France, c’est le cas du Tour Auto dont la réputation est mondiale, mais aussi de la Coupe des Alpes, organisée par Rallystory, ou du Rallye Neige et Glace de Zaniroli Classic. La plus monumentale d’entre elles est italienne : il s’agit des Mille Miglia, dont les 400 voitures classiques participantes, venues de tous les coins du globe, parcourent une boucle de près de 2 000 kilomètres entre Brescia et Rome. Ces épreuves nostalgiques ont parfois un impact économique considérable sur les régions qu’elles traversent et attirent une foule passionnée sur leur passage. Elles comportent
encore un enjeu sportif, même s’il n’est plus question de vitesse sur route ouverte. Il s’agit plutôt d’intégrer aux parcours des étapes sur route fermée ou sur circuit, ou encore des zones de régularité chronométrées, qui imposent de respecter une moyenne fixée à l’avance. Dans la circulation, celle-ci ne peut légalement dépasser les 50 km/h. Mais c’est assez pour créer de l’émulation parmi les participants et justifier la distribution de prix à l’arrivée, souvent offerts par des partenaires : horlogers, constructeurs automobiles, maroquiniers ou grandes maisons de champagne accompagnent certains rendez-vous. Pour ceux que le calcul des moyennes ennuie, l’enjeu sportif peut faire place à d’autres défis : jeu de piste, épreuve d’orientation… L’idée est bien de créer un esprit de groupe parmi les participants.
L’AUTOMOBILE EN FAMILLE
La nostalgie n’est pas le seul argument qui attire ces touristes d’un nouveau type. Happy Few Racing s’est ainsi fait connaître en organisant des rallyes ouverts uniquement à des équipages composés de pères et de fils ou de pères et de filles. Depuis, il décline une série d’événements autour du lien familial. La recherche d’originalité concerne aussi le choix des parcours, souvent renouvelés chaque année. En France, les régions montagneuses sont privilégiées. Les cols des Alpes et des Pyrénées permettent aux conducteurs de retrouver le plaisir de rouler à basse vitesse et sont propices aux panoramas les plus spectaculaires. Reste que la concurrence entre les événements conduit à choisir des destinations toujours plus lointaines. En la matière, les organisateurs britanniques sont les plus audacieux. Le rallye Pékin-Paris, organisé par Hero Events, promet ainsi 13 680 kilomètres de parcours entre les capitales chinoise et française, à travers des contrées aussi exotiques que la Mongolie ou le Kazakhstan. Certains engagés l’accomplissent au volant d’ancêtres centenaires. Le tourisme confine alors à l’aventure.