Des juges de plus en plus conservateurs
En toute discrétion – pour une fois… –, le président américain transforme en profondeur le paysage
judiciaire américain. En trois ans, il a nommé 161 juges fédéraux, soit plus d’1 juge sur 4. « C’est le chiffre le plus élevé de l’histoire contemporaine », confirme Lawrence Solum, professeur de droit à l’université de Georgetown. Cette frénésie de promotions s’explique par un changement de procédure au Congrès à la fin 2013, qui accélère la validation des juges. Barack Obama en a profité quelques mois, Donald Trump a mis le turbo. Les juges fédéraux étant nommés à vie, Trump les choisit très conservateurs et jeunes : 49 ans de moyenne d’âge, soit dix ans de moins que ceux nommés par Obama. Evidemment, plus leur nomination est précoce, plus leur influence sera durable. L’impact le plus visible s’observe à la Cour suprême : en nommant deux juges, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, sur les neuf qui la composent, le président a fait basculer la plus haute cour du pays dans le camp conservateur. D’aucuns s’inquiètent de la remise en cause de certains droits fondamentaux. Dans les tribunaux de première instance et les cours d’appel, le conservatisme se fait déjà sentir, selon Lawrence Solum : « Ces magistrats ont tendance à être plus restrictifs sur l’avortement et sur l’application des droits civiques ; moins regardants sur les cas de discrimination et davantage pro-business. » De quoi ravir l’électorat conservateur.