Chine/Etats-Unis : match nul pour l’instant
Deux hommes, deux systèmes, deux visions du monde. America first de Donald Trump contre made in China 2025 de Xi Jinping. Entre les deux puissances économiques, c’est tout simplement la bataille pour la suprématie technologique qui se joue aujourd’hui. Certes, Donald Trump est ulcéré par la persistance des déficits commerciaux abyssaux que les Etats-Unis affichent avec la Chine : 84 milliards de dollars en 2000, 273 en 2010, 323 en 2018… Mais l’Amérique est surtout tétanisée par les ambitions affichées et assumées de l’empire du Milieu dans tous les secteurs qui vont faire la puissance économique de demain : énergie propre, véhicule électrique, biotech, intelligence artificielle, télécoms… « Trump a raison quand il dénonce les règles du jeu faussées de la Chine, le vol de propriété intellectuelle, les aides d’Etat déguisées, les transferts de technologies imposés », souligne Olivier Piton, avocat à Washington. Dans cette bataille, Trump a mis sur pied tout un arsenal d’armes économiques extrêmement
efficaces : droits de douane, quotas à l’importation et surtout inscription sur une fameuse liste noire… une forme de bannissement économique sur toute la planète pour les entreprises, comme Huawei ou ZTE, qui y figurent. Ce bras de fer qui dure maintenant depuis dix-neuf mois n’est pas terminé. Certes, Donald Trump et Xi Jinping ont trouvé un accord de principe en octobre dernier, ce qui ne signe pas la fin des hostilités douanières. Fidèle à son habitude, le locataire de la MaisonBlanche continue de souffler le chaud et le froid, assurant qu’il ne paraphera le texte que s’il est « bon pour les Américains ». Il y a tout intérêt, pourtant. S’il met en place la dernière salve de surtaxe, de 15 %, sur les importations de produits chinois prévue pour le 15 décembre, « ce sont les consommateurs et les entreprises américaines qui trinqueront en payant leurs jouets, leurs ordinateurs ou leurs portables plus cher », estime Mary Lovely, professeure d’économie à l’université de Syracuse. Une étude menée pour le compte du port de Los Angeles montre que l’ensemble des droits de douane additionnels devrait entraîner entre 31 et 35 milliards de dollars de coûts supplémentaires pour les ménages et les fabricants américains. « Xi Jinping cédera seulement sur l’achat de produits agricoles américains, avance John Seaman, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Il n’y aura pas d’avancée en matière de propriété intellectuelle ou de transfert de technologies. » Deux sujets pourtant majeurs. Du côté de Trump, pas question de revenir sur les sanctions prises contre Huawei, accusé d’espionner les réseaux télécoms américains, ni sur le placement récent de huit fleurons de la tech sur une liste noire par le département d’Etat pour cause de violation des Droits de l’homme. Match nul pour l’instant.