PIERRE LAPOINTE REFUSE-T-IL LE VAGUE À L’ÂME ?
L’ennui, une petite douleur proche de l’angoisse existentielle, qui est dans le même temps une vraie source de créativité. Pierre Lapointe nous en donne une très belle illustration avec son huitième album, Pour déjouer l’ennui, écrit dans l’urgence, après deux autres disques publiés en moins de trois ans.
L’amour, la mort, le beau, le chanteur québécois prolifique et hyperactif revient à l’essentiel dans ces 12 berceuses pour « petits enfants devenus grands » telles qu’il les définit. Avec Albin de la Simone à la réalisation et entouré de ses amis Clara Luciani, Hubert Lenoir et bien d’autres, celui qu’on appelait l’enfant étrange de Thom Yorke et de Barbara explore le vocabulaire de la passion incandescente et charnelle (Tatouage, La Plus Belle des maisons), celui des « coeurs qui saignent » et de l’« amour bohème ». D’une plume romantique mais empreinte de lucidité, il constate que bien souvent ces émotions qui « font exploser dans la tête des geysers d’or » et permettent de « tracer à deux le plus beau des chemins » ont du mal à résister à l’épreuve du temps qui passe inexorablement. Seul l’art de la chanson dans ses plus simples atours et sa pureté originelle peut faire durer ces « aveux de défaite » et les magnifier.
Guitares acoustiques, quelques accents de bossa-nova (Dis-moi je ne sais pas, Vivre ma peine) s’intercalent en douceur dans ces 12 sublimes hymnes à l’amour. Quand Pierre Lapointe parle de son nouveau disque, il confie sans fard : « Je ne sais pas s’il est meilleur que les autres, mais il me fait du bien. » Il n’est pas le seul.
POUR DÉJOUER L’ENNUI
de Pierre Lapointe (Audiogram/Columbia). Le 30 mars 2020 aux Folies Bergère, Paris (IXe). 18/20