À ANGERS, UN TOP ET UN FLOP
LES PETITS PRÉS BRASSERIE APPLIQUÉE
La peinture des toilettes est encore fraîche, la hotte capricieuse et la brigade pas totalement rodée au réglementaire « Oui, chef ! » quand ce dernier annonce les commandes. Pas de doute : ces Petits Prés n’avaient bien que deux petits jours d’ouverture lors de notre passage en début de mois. Déjà, pourtant, la petite musique de Samuel Albert (lauréat de Top Chef, sur M6, en mai) séduit avec des propositions originales étonnamment ciselées pour une brasserie chic plantée au coeur du centre-ville. Enveloppées dans de délicates bricks en hommage aux papillotes de langoustines de feu Joël Robuchon, les belles gambas de Nouvelle-Calédonie à tremper dans une mayonnaise à l’ail noir croquent sous la dent. La sauce au vin d’épines et estragon sublime avec force finesse les deux rondins de veau aussi fermes que souples. Joueur, le patron déroule huit garnitures à la carte, dont la vraie fausse gaufre (mélange de pommes de terre et fromages) et sa crème montée au parmesan, qui devrait vite devenir le best-seller de la maison. Un clin d’oeil à son ex-quotidien de toque chargée de nourrir l’ambassadeur belge à Tokyo. Registre sucré enfin : plutôt que la pomme en trompe-l’oeil, plus appropriée à l’heure du thé, mieux vaut conclure avec le soufflé au Cointreau extra-mousseux et son sorbet aux agrumes. Voisin du Grand Théâtre d’Angers, Samuel Albert a bel et bien réussi son entrée sur scène.
SENS DÉSORIENTÉ
Au cinquième plat du dîner, elle n’a plus demandé « Tout s’est bien passé ? » Malgré son service gai et professionnel (quoique trop récité), la responsable de salle a fini par déceler notre déception. Bien sûr que l’on aurait voulu vibrer pour cette table semi-gastronomique de 25 places au décor éclectique animée par Nicolas Adamopulos, ex du Crillon, du Bristol et de chez David Toutain. Techniquement, l’homme maîtrise (aiglefin nacré) et a des idées (pigeon-maïs en trois façons dont l’une avec shot d’infusion de maïs). Mais pour qu’un plat décolle, il faut du corps et des goûts suffisamment concentrés. Une vraie mâche en bouche aussi, nécessaire au relief gustatif. Autant d’absences qui n’ont pas fait de notre repas le « voyage culinaire » promis. Compte tenu de la qualité des matières premières et du CV de l’intéressé, espérons que ce dernier corrigera le tir. On reviendra.