Informer sous les bombes
Quelques jours dans le quotidien de Paul Marchand, reporter de guerre à Sarajevo, assiégée depuis sept mois. On est en 1992, le conflit dans l’ex-Yougoslavie s’embourbe sous le regard des casques bleus, impuissants. Marchand lui, avec son photographe et une traductrice, traverse en long et en large la ville sous les balles sifflantes des snipers, redouble de ruse pour passer les barrages, s’implique de plus en plus dans cette guerre dont le monde entier a l’air de se foutre. Ce qui le met en rage et l’incite à pousser toujours plus loin le curseur de l’information, au péril de sa vie. Un type pareil, Hollywood en aurait fait le héros d’une histoire « émouvante et bouleversante » avec musique symphonique et tout le tintouin. Sympathie pour le diable se place à l’exact opposé, et c’est très bien comme ça. L’image au format carré, la lumière crue et froide de la ville bosniaque en hiver, le son sec des fusillades, la caméra à l’épaule, bien entendu… Et des acteurs qui ne jouent pas, mais sont. Avec son cigare collé entre les dents et sa personnalité intransigeante, le personnage de Marchand prêtait le flanc à une interprétation excessive. Niels Schneider évite cet écueil et trouve la juste mesure. A l’image du film, impressionnant d’authenticité, dont on sort secoué. SYMPATHIE POUR LE DIABLE de Guillaume de Fontenay. Avec Niels Schneider, Vincent Rottiers, Ella Rumpf… 1 h 40. 17/20