L’ÉCLAIREUR CHARLOT
Héros à la Philharmonie de Paris, Charlie Chaplin (18891977) est aussi celui d’une passionnante exposition à Nantes. Dès la première apparition de Charlot à l’écran, en 1914, le cinéaste britannique devient une icône internationale, grâce à son vagabond à la dégaine improbable. Avec, au premier rang de ses admirateurs, les artistes de son temps.
Ce sont ces liens avec ses contemporains que les commissaires Claire Lebossé et Sophie Lévy décryptent au fil de quatre thématiques. Le regard porté sur l’industrialisation effrénée de l’époque, d’abord. Tandis que Les Temps modernes (1936) voit Charlot aux prises avec une machine récalcitrante qui finira par l’avaler, Kupka peint L’Acier
boit n°II pour souligner la beauté froide des rouages en mouvement.
L’univers poétique et le spectacle tiennent eux aussi une place de choix chez les créateurs de l’entre-deux-guerres.Comme Dali, avec son Téléphone Homard (voir photo ci-dessus, à droite), Chaplin recourt à des objets lambda pour faire surgir le merveilleux, à l’ instar de la danse des petits pains, scène culte de La Ruée vers l’or (1925). Fils de saltimbanques, le réalisateur partage avec Picasso, Chagall, Léger ou Calder une passion pour le chapiteau. Dans Le Cirque (1928), Charlot, équilibriste de fortune, déchaîne l’hilarité par sa maladresse.
En ces périodes troubles de l’Histoire, Le Dictateur, sorti en 1940, est la première satire antihitlérienne d’envergure sur grand écran. Chaplin y ridiculise ses protagonistes inspirés du dirigeant de l’Allemagne nazie et de son comparse Mussolini. Six ans plus tôt, le dadaïste Victor Brauner lacérait le visage d’Hitler sur la toile à renfort de lames et de clous pour stigmatiser la barbarie en marche. CHARLIE CHAPLIN DANS L’OEIL
DES AVANT-GARDES Musée d’Arts de Nantes (Loire-Atlantique). Jusqu’au 3 février. 18/20