L'Express (France)

JOURNAL D’UN HOMME SANS IMPORTANCE

- par George et Weedon Grossmith. Trad. de l’anglais par Gérard Joulié. Éd. Noir sur blanc, 232 p., 22 €. M. P.

« Le livre le plus drôle du monde », aurait proclamé Evelyn Waugh à propos de l’ouvrage de ses compatriot­es les frères George et Weedon Grossmith, publié tout d’abord sous la forme d’un feuilleton dans Punch,

en 1892. Excessif, peut-être, mais pas si loin de la vérité tant est cocasse ce Journal d’un homme sans importance,

chronique, avec illustrati­ons, du quotidien d’un employé de la City à la fin de l’ère victorienn­e. Réputés dans le monde de la comédie et du théâtre, les Grossmith ont su rendre, sans esbroufe ni effets de manches, quasi palpitant le train-train de Charles Pooter. Du grand art. Mr Pooter vient de s’installer avec sa fidèle épouse, Carrie, et leur domestique, Sarah, dans une maison de la banlieue londonienn­e. Travaux divers dans la demeure, choix des fournisseu­rs et premiers démêlés avec ceux-ci, visites du vieil ami Gowing et du voisin Cummings… L’employé modèle de la firme de Mr Perkupp est un homme des plus occupés, d’autant que, doté d’une maladresse sans égale, il passe un temps certain à rattraper ses bévues. A ces petits désagrémen­ts quotidiens, relatés sur un ton placide so British,

vient se greffer l’arrivée du fils, Willie, dit « Lupin », tout juste flanqué à la porte de sa banque. Sympathiqu­e, le Lupin, mais plutôt turbulent et imprévisib­le, surtout lorsqu’il s’amourache de Daisy Mutlar et traîne du côté d’une troupe de théâtre amateur. Rien, pourtant, qui ne saurait déstabilis­er Charles le flegmatiqu­e, qui continue à compter ses sous, à égrener ses plaisanter­ies, plus ou moins intelligib­les, et à, gentiment, se ridiculise­r – le récit du bal à la Mansion House, la résidence du lord-maire, est à cet égard un petit joyau. Chapeau bas aux Grossmith brothers.

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