LES ENTREPRISES RESPONSABLES PEUVENT-ELLES FAIRE DU
Les enjeux sociaux et environnementaux sont au coeur de l’activité du e-commerce, notamment en ce qui concerne la livraison, qui touche à plusieurs points sensibles (qualité de l’air, emballages, statut des livreurs). Les professionnels se mobilisent pour
L’essor du e-commerce en France aura-t-il des limites ? Le secteur connaît année après année une croissance à deux chiffres, au niveau de son chiffre d’affaires (+ 12,6 % entre les deuxièmes trimestres 2018 et 2019, selon la Fevad, tous types de produits confondus), comme le nombre de transactions (+ 19,7 % sur la même période). L’achat en ligne est entré dans les moeurs, servi par des livraisons toujours plus fiables et rapides. Plus de 500 millions de colis sont livrés par an dans le pays. Mais plus le e-commerce croît, plus certains de ses effets, réels ou supposés, sont aussi pointés du doigt. Par exemple, l’impact environnemental des livraisons (même s’il n’est pas établi que le e-commerce pollue plus à ce niveau que le commerce classique). Les pouvoirs publics des grandes villes se sont déjà largement saisis du sujet. Et pour cause, selon l’Ademe, le transport de marchandises, dont les colis e-commerce, représente un tiers des émissions de CO2 liées à la circulation urbaine. Les consommateurs ont les mêmes préoccupations. Une enquête Stuart/Yougov de 2019 montre que 6 Français sur 10 sont sensibles à l’impact écologique de leurs livraisons ! Enfin, l’environnement n’est pas le seul point soulevé. Les aspects sociaux (la précarité de certains livreurs, notamment) peuvent eux aussi faire débat. La Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) du e-commerce ne domine pas encore les discussions, mais la tendance va crescendo. La preuve ? Jeff Bezos, PDG d’Amazon, le leader mondial du e-commerce, s’est récemment exprimé sur le sujet. Il a annoncé que son groupe visait la neutralité carbone en 2040, grâce aux énergies renouvelables, aux véhicules électriques ou encore à la reforestation. En France, plusieurs e-commerçants, petits ou grands,
sont d’ores et déjà passés aux actes. Cdiscount, le numéro 2 du marché derrière Amazon, se montre par exemple très volontariste. La filiale de Casino agit sur l’optimisation des emballages (un point-clé pour réduire les émissions de CO2), propose des livraisons « zéro émission » (véhicules électriques) à Paris et à Bordeaux... Elle soutient aussi la start-up LivingPackets, qui a développé un colis connecté et réutilisable 1000 fois (sur ce dernier point, on peut aussi citer les emballages recyclables du finlandais RePack). Du côté des acteurs plus petits, la jeune pousse parisienne La Malle Française a imaginé un concept de e-commerce orienté vers le « consommer moins mais mieux » : elle propose à ses clientes des vêtements de qualité spécialement sélectionnés pour elles, évitant ainsi les achats peu durables. Les grandes villes aussi multiplient les initiatives concrètes : centres de logistique urbaine, limitations de circulation, encouragement des modes de livraison « doux » décarbonés, etc. Tout cela n’est sans doute qu’un début. Peut-être trouvera-t-on normal, à l’avenir, d’être informé lors d’un e-achat sur l’impact écologique de sa livraison, ou de pouvoir opter pour un mode de livraison « vert » ! Enfin, les professionnels de la livraison, qui se situent en première ligne des enjeux RSE du e-commerce, agissent. Colissimo, le leader du marché français, est engagé depuis longtemps dans une politique RSE ambitieuse. Les colis livrés sont neutres en carbone depuis 2012, grâce à une stratégie (voir l’encadré) qui a permis à La Poste de baisser ses émissions de CO2 de 18% entre 2013 et 2018. La trajectoire carbone de La Poste à 2025 a été reconnue compatible avec l’objectif de limitation du réchauffement planétaire fixé à +2°C dans l’Accord de Paris, par 4 grandes ONG internationales. Et pour aller plus loin, à l’échelle du Groupe La Poste, un accord a été signé avec 18 villes de France pour mieux gérer la logistique urbaine. Colissimo est aussi très attentif aux aspects sociaux de la livraison, notamment lors des pics d’activité. Il se pose ainsi en partenaire privilégié d’un e-commerce à la fois efficace et responsable. Et ce sans perdre de vue un autre point essentiel : la maîtrise des coûts. Certes, selon l’étude Stuart/Yougov, une bonne moitié des e-acheteurs (surtout les jeunes) se disent prêts à payer plus pour une livraison vertueuse. Mais dans l’idéal, une telle livraison ne devrait-elle pas être la norme, plutôt qu’un « luxe » nécessitant un surcoût ?