On en parle, le tour du monde, l’histoire éco, la personnalité, Plantu...
Aquelques jours du mouvement social massif contre la réforme des retraites, un nouveau front vient de s’ouvrir : faut-il prendre dès aujourd’hui des mesures pour équilibrer le régime avant le basculement dans le système à points ? Pour les experts, le sujet renvoie à la question brûlante : réforme paramétrique ou non ? Pour y voir plus clair, l’exécutif avait demandé, à la rentrée, au Conseil d’orientation des retraites (COR), une instance indépendante, un nouvel audit sur la santé financière du système d’ici à 2030. Ce rapport, rendu en fin de semaine dernière, complexifie encore la donne et accroît les tensions entre le gouvernement et les organisations syndicales. Selon les conventions de calcul retenues, le déficit serait compris entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros, soit entre 0,3 % et 0,7 % du PIB en 2025.
Ce n’est pas vraiment une surprise : en juin dernier, le COR anticipait déjà des comptes dans le rouge, tablant sur un déficit de 0,3 % à 0,6 % du PIB en 2025 et affichant un retour à l’équilibre au mieux en 2042. Des chiffres contestés par un collectif réunissant syndicats et ONG, mettant en cause les hypothèses retenues sur l’évolution du nombre de fonctionnaires et de leur salaire (voir ci-contre).
Droit dans ses bottes, Edouard Philippe ne cesse de marteler que « l’équilibre financier n’est pas une question de paramètres et de technique. C’est un enjeu de justice sociale ». Pour parvenir au zéro déficit en 2025, trois hypothèses sont mises sur la table par le COR : une augmentation des cotisations retraite, un recul de l’âge légal de départ ou un allongement de la durée de cotisation… ce qui revient au fameux « travailler plus longtemps » plusieurs fois évoqué par le président.
Si les deux premières pistes semblent écartées, la troisième est dans les tuyaux. Un chiffon rouge pour les syndicats et, notamment, la CFDT, seul véritable soutien au passage dans le futur régime à points. Laurent Berger estime que l’équilibre financier est une « construction politique pour justifier l’allongement de la durée du travail ». Pour l’exécutif, perdre aujourd’hui le soutien de la CFDT est une stratégie à haut risque. Qu’il pourrait payer au prix fort si le conflit s’enlise.