La planche de salut de l’international
Alors que la SNCF se cherche un avenir en France, à l’international, l’entreprise caracole. A tel point que l’ancien patron du groupe, Guillaume Pepy, en faisait presque une fierté personnelle. Lorsqu’il est nommé à la tête de l’entreprise, en 2008, la SNCF réalise tout juste
15 % de son chiffre d’affaires à l’international. Dix ans après, c’est quasiment plus du tiers. Persuadé qu’il doit trouver des relais de croissance hors de l’Hexagone, Pepy imagine même que les juteux contrats à l’étranger pourraient représenter la moitié des résultats du groupe à l’horizon 2025. Changement de discours avec Jean-Pierre Farandou. Depuis son arrivée, l’homme ne s’est pas prononcé une seule fois sur la stratégie de conquête de la SNCF. « Farandou ne confirme aucun objectif. Son mandat est de restaurer le ferroviaire en France. L’étranger, on verra après », confirme un proche de la nouvelle direction. En une décennie, les filiales de la SNCF, comme Geodis dans la logistique, Keolis dans les transports en commun et notamment les trams, ou encore Systra dans l’ingénierie, sont devenues de solides championnes. Keolis exploite déjà le réseau de trains de banlieue de Boston, le tram de Melbourne, les bus de Stockholm, le métro de Hyderabad, celui de Doha et quelques lignes du métro automatique de Shanghai. L’entreprise est aussi dans le dernier carré pour décrocher le contrat d’exploitation du métro de Buenos Aires, du Metrolink de Los Angeles, ou encore du RER de Toronto. Dernier succès : la SNCF a raflé un lot en Espagne pour opérer des liaisons quotidiennes depuis Madrid vers Barcelone, Valence et Séville. « Au Moyen-Orient, on va se positionner sur le métro de Dubaï, et nous travaillons déjà en partenariat avec de grands groupes chinois sur la construction et l’exploitation d’une nouvelle ligne de chemin de fer en Egypte reliant la mer Méditerranée et la mer Rouge. Un contrat de plusieurs milliards d’euros », détaille Diego Diaz, président de SNCF International. La priorité du groupe reste néanmoins les Etats-Unis, notamment pour sa filiale Geodis, qui pourrait encore grossir en absorbant quelques concurrents outre-Atlantique. Une façon, selon certaines mauvaises langues, d’habiller la mariée avant de la vendre pour renflouer les comptes du groupe en France. Il n’y a pas de petits profits.