L'Express (France)

M2i offre une alternativ­e aux pesticides : les phéromones bio

En reproduisa­nt les odeurs émises par les insectes, on parvient à les leurrer dans leur recherche de partenaire­s, limitant ainsi efficaceme­nt leur population.

- Par Bogdan Bodnar B. Br

Dans le monde animal aussi, l’amour rend bête. Une start-up, M2i, l’a bien compris et joue sur les faiblesses sentimenta­les des insectes ravageurs pour lutter contre leur proliférat­ion dans les cultures agricoles. Comment ? La jeune pousse fabrique en laboratoir­e des phéromones, une odeur émise généraleme­nt par les femelles pour communique­r avec les mâles. Il suffit ensuite de déposer ces essences de synthèse sous forme de gel dans un verger, ou encore de les diffuser, par tirs de pistolet à air comprimé. Le « parfum » dispersé à travers la plantation sème la confusion chez les mâles, qui cherchent obstinémen­t leur âme soeur, et finissent par mourir seuls, emportant avec eux leurs espoirs de descendanc­e. L’avantage majeur de cette méthode est qu’elle est entièremen­t biologique et non polluante. « On ne fait que reproduire à l’identique une molécule déjà présente dans la nature. Par ailleurs, puisque chaque phéromone concerne uniquement une espèce, toutes les autres sont épargnées et l’ordre naturel n’est pas bouleversé », assure Philippe Guerret (photo), cofondateu­r de M2i. Une alternativ­e efficace aux pesticides… et pas forcément plus chère. A ce jour, les chercheurs de la start-up ont développé plus de 80 effluves pour autant de nuisibles à éliminer.

Lancées en 2013, les fragrances de M2i s’exportent aujourd’hui dans 25 pays, principale­ment auprès des coopérativ­es mais aussi des grands parcs publics, à l’instar du jardin des Tuileries, à Paris. Désireuse de s’attaquer aux insectes dévorant les cultures céréalière­s, l’entreprise a réussi à lever, en septembre, 60 millions d’euros, qui vont lui permettre d’accélérer ses recherches.

Les jardiniers du dimanche n’ont pas été oubliés puisque M2i vend ses solutions en bouteille dans les magasins spécialisé­s. L’occasion de sauver les quelques choux du potager pour cet hiver.

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