ALFRED GIRAUD LA STRATÉGIE DE LA RARETÉ
Comme nombre de bourgs paisibles des Charentes, Saint-Palais-deNégrignac abrite une distillerie. Celle que la famille Giraud, une lignée de tonneliers et de maîtres de chai cognaçais, depuis 1875, a choisie pour se lancer dans la production de whisky. Alfred, le grand-père, qui veilla pendant quarante ans sur les chais Rémy-Martin, traque désormais des fûts de très vieux cognac pour y faire vieillir les créations de Philippe, son petit-fils. Entre les deux, le père, Jean-Pierre, veille au(x) grain(s). La recette Giraud : un assemblage de trois eaux-de-vie de malt non tourbé est d’abord élevé dans des essences de bois différentes
– les tonneaux récoltés par Alfred pour une large part, des barriques neuves de chêne français ou américain pour le reste. Ces premières expressions sont ensuite mariées avec un distillat légèrement tourbé, avant d’être réunies dans le parc constitué par le patriarche pendant plusieurs années. De l’importance de l’ajout tourbé découle les deux références : Harmonie (130 €), où le côté fumé est peu perceptible, et Héritage (160 €), plus iodé. Elles se révèlent d’une finesse et d’une complexité rares.
L’excellence a malheureusement son revers : seuls 7000 flacons ont été embouteillés cette année, « en raison du manque de fûts de cognac exceptionnels », s’excuse Philippe Giraud, qui prévoit une production supérieure en 2020. Soit 9000 bouteilles… A dénicher au compte-gouttes, entre la France, Saint-Barth, New York et, peut-être, Singapour et Hongkong. Le premier whisky français haute couture est né.