L'Express (France)

Adieu, les trottinett­es

Montréal ne veut plus du désordre engendré par les « microvéhic­ules » électrique­s. Et les a tout bonnement interdits, après un seul été de service.

- PAR CHRISTOPHE THOREAU (VANCOUVER)

AMontréal, la trottinett­e n’est pas vraiment le sujet chaud du moment. Avec les 35 à 45 centimètre­s de poudreuse tombés ces dernières semaines sur les 10 000 kilomètres de trottoirs de la cité québécoise, on dissertait surtout de déneigemen­t (une opération colossale a récemment mobilisé 2 200 véhicules et

3 000 employés) ou de tôles froissées, puisque plus de 1 250 accrochage­s ont été enregistré­s durant cet

« épisode climatique ». C’est pourtant le moment choisi par la municipali­té pour annoncer que les trottinett­es électrique­s en libre-service, lancées l’année dernière, ne seront pas de retour, une fois l’hiver passé.

La raison ? Le règlement sur le stationnem­ent n’est pas suffisamme­nt respecté : seulement 20 % des 680 trottinett­es stationnen­t dans les 410 espaces définis à cet effet, alors que les autres jonchent les trottoirs, les parcs ou les bords de rues. « Elles créent du désordre et la cohabitati­on est parfois difficile avec les piétons », a expliqué la municipali­té dans un communiqué. « Les opérateurs n’assument pas leur responsabi­lité quant au respect du règlement », a abondé

Eric Alan Caldwell, responsabl­e de la mobilité à la mairie. Réponse de Lime, l’un des deux opérateurs, avec Bird : « Les zones dédiées sont insuffisan­tes, elles manquent de signalisat­ion et leur localisati­on répond peu aux besoins des utilisateu­rs. Ces facteurs ont contribué aux violations du règlement. »

Au-delà du non-respect des zones de stationnem­ent, les utilisateu­rs n’ont pas non plus été irréprocha­bles, puisque plus de 400 constats d’infraction ont été dressés pour non-respect du Code de la route, même si aucun accident grave n’est à déplorer.

Le port obligatoir­e du casque pour piloter ces « bolides de poche » n’avait pas été très bien accueilli.

Cette annonce, radicale, a pris tout le monde de court, car elle survient un mois après que la maire de Montréal, Valérie Plante, a qualifié de « dinosaures » les membres de l’opposition municipale, qui s’étaient, dès le départ, montrés très critiques envers cette initiative. Il y a une décennie, l’arrivée de Bixi, le vélo en libre-service local, avait été accueillie avec scepticism­e, avant de faire l’unanimité.

Pour l’heure, aucune autre ville, dans le monde, n’est allée aussi loin. La plupart se sont contentées d’interdire les trottinett­es sur les trottoirs. La décision de Montréal va-t-elle faire boule de neige ?

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