Vent de panique
Touché par le virus Covid-19, le nord de la Botte se barricade.
Il n’est jamais allé à Wuhan, mais son client, la Snam (transport de gaz naturel), commerce avec la Chine. « Je n’ai pas encore fait le test », s’inquiète Giovanni, 25 ans, consultant pour Accenture. Il a quitté Milan pour se réfugier chez sa mère, à Rome. « Les bureaux sont fermés, et les 15 000 salariés, priés de rester chez eux », poursuit-il. Beaucoup ont fui le Nord. « Certains sont certainement contaminés, dit-il encore.Il paraît qu’on a détecté un cas dans une tour, à Milan. Quid des 1 600 personnes qui y travaillent ? »
Une atmosphère de guerre gagne le nord de l’Italie – 70 % des exportations du pays. Les supermarchés sont dévalisés et un cordon sanitaire vient d’être mis en place dans 11 villes de la région. A Milan, les autorités ont fermé la cathédrale, comme la Scala et les grands musées ; à Venise, où le Carnaval s’est achevé deux jours avant la date prévue, les masques en papier ont remplacé les loups et les mascherine. Les autorités prévoient des conséquences lourdes pour une économie qui n’avait pas attendu le virus Covid-19 pour se gripper. Au dernier trimestre de 2019, l’Italie avait perdu 0,3 % de PIB par rapport à la même période l’an passé. Et le pire est à venir dans ce pays qui dépend tant du tourisme – en 2018, les étrangers y ont dépensé 42 milliards d’euros, selon la Banque d’Italie. A Rome, on est partagé entre l’inquiétude sanitaire et le sentiment que le gouvernement dramatise : « Il a tellement peur d’être taxé d’incompétence par les populistes qu’il réagit à l’extrême », estime un communicant proche du pouvoir. Francesco Boccia, ministre des Affaires régionales, l’assure : « Il n’y a sûrement pas plus de cas en Italie que dans les autres pays européens. La différence, c’est que nous faisons des contrôles. » Sousentendu : si les autres cherchaient, ils en trouveraient aussi…