L'Express (France)

Vent de panique

Touché par le virus Covid-19, le nord de la Botte se barricade.

- PAR CHARLES HAQUET, AVEC VANJA LUKSIC (ROME)

Il n’est jamais allé à Wuhan, mais son client, la Snam (transport de gaz naturel), commerce avec la Chine. « Je n’ai pas encore fait le test », s’inquiète Giovanni, 25 ans, consultant pour Accenture. Il a quitté Milan pour se réfugier chez sa mère, à Rome. « Les bureaux sont fermés, et les 15 000 salariés, priés de rester chez eux », poursuit-il. Beaucoup ont fui le Nord. « Certains sont certaineme­nt contaminés, dit-il encore.Il paraît qu’on a détecté un cas dans une tour, à Milan. Quid des 1 600 personnes qui y travaillen­t ? »

Une atmosphère de guerre gagne le nord de l’Italie – 70 % des exportatio­ns du pays. Les supermarch­és sont dévalisés et un cordon sanitaire vient d’être mis en place dans 11 villes de la région. A Milan, les autorités ont fermé la cathédrale, comme la Scala et les grands musées ; à Venise, où le Carnaval s’est achevé deux jours avant la date prévue, les masques en papier ont remplacé les loups et les mascherine. Les autorités prévoient des conséquenc­es lourdes pour une économie qui n’avait pas attendu le virus Covid-19 pour se gripper. Au dernier trimestre de 2019, l’Italie avait perdu 0,3 % de PIB par rapport à la même période l’an passé. Et le pire est à venir dans ce pays qui dépend tant du tourisme – en 2018, les étrangers y ont dépensé 42 milliards d’euros, selon la Banque d’Italie. A Rome, on est partagé entre l’inquiétude sanitaire et le sentiment que le gouverneme­nt dramatise : « Il a tellement peur d’être taxé d’incompéten­ce par les populistes qu’il réagit à l’extrême », estime un communican­t proche du pouvoir. Francesco Boccia, ministre des Affaires régionales, l’assure : « Il n’y a sûrement pas plus de cas en Italie que dans les autres pays européens. La différence, c’est que nous faisons des contrôles. » Sousentend­u : si les autres cherchaien­t, ils en trouveraie­nt aussi…

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