L'Express (France)

Réseaux sociaux : la publicité en roue libre

- Par Raphaël Grably

Vous avez besoin d’un rein « pas cher » ? Le compte Twitter @organmarke­ts, qui payait le réseau social pour la mise en avant de ses publicatio­ns, aurait pu vous être utile… mais il a été supprimé. Twitter, comme Facebook et Instagram, semble parfois perdre pied lorsqu’il s’agit de contrôler la nature des publicités qu’il diffuse. Malgré leur puissance algorithmi­que, ces plateforme­s peinent à traquer les dérapages de leurs millions d’utilisateu­rs. Mais ne gagneraien­telles pas à être plus regardante­s sur les contenus de ceux qui les financent ? Que penserait-on d’une publicité pour des contrefaço­ns diffusée en prime time sur TF1 ? D’une arnaque à l’investisse­ment locatif sur France 2 ? D’un message raciste visant « ces bougnoules et ces Noirs de France » sur M6 ? C’est pourtant ce qu’ont vu surgir des utilisateu­rs d’Instagram, de Facebook et de Twitter au cours des derniers mois, sous forme de contenus sponsorisé­s. Ces annonceurs peu recommanda­bles n’ont contacté aucun média traditionn­el. Profiter de la perméabili­té des réseaux sociaux est bien plus aisé, et plus efficace. A chaque écart suscitant la controvers­e, les dits réseaux répondent que les annonces incitant à la haine, proposant des produits contrefait­s ou relayant des escroqueri­es sont prohibées par leurs conditions générales d’utilisatio­n. Une défense analogue à celle utilisée en cas de propagatio­n de fake news ou de vidéo sanglante, qui met sur le même plan un simple utilisateu­r et une entreprise cliente. Alors que les lois visant à réguler le Web s’accumulent, aucun texte ne semble envisager une vérificati­on humaine des publicités diffusées sur les réseaux sociaux.

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